L'Afrique de l'Ouest a appelé vendredi le Conseil de sécurité de l'ONU à «accélérer» en vue de l'adoption d'une résolution autorisant l'envoi d'une force régionale au Mali contre les groupes armés, surtout islamistes, qui contrôlent le Nord. L'un des groupes islamistes présents dans la zone, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), qui a revendiqué l'attentat meurtrier ayant visé vendredi une gendarmerie dans le Sud de l'Algérie, a menacé de s'attaquer aux pays qui composeraient une telle force ouest-africaine. «Les branches de Mujao dans plusieurs pays sont prêtes à frapper les intérêts des pays qui ont l'intention de participer» à la force de la Cédéao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), a affirmé le porte-parole du Mujao, Adnan Abu Walid Sahraoui. Les dirigeants de la Cédéao réunis en sommet à Yamoussoukro «exhortent le Conseil de sécurité à accélérer le processus» pour arriver à une résolution autorisant le déploiement de troupes au Mali, indique le communiqué final. La Cédéao prépare depuis plusieurs semaines l'envoi éventuel d'une force dans le pays, dont l'effectif est actuellement fixé à quelque 3300 hommes. Mais elle a besoin, avec l'Union africaine (UA), d'un soutien international à une telle opération, et d'un appui notamment logistique des Etats-Unis et de la France. Un premier projet a été jugé beaucoup trop imprécis au Conseil de sécurité de l'ONU, et la Cédéao revoit sa copie. Les Etats-Unis ont d'ailleurs adressé vendredi une mise en garde contre une «entreprise très lourde pour la Cédéao», qui devrait être «préparée très soigneusement et disposer de ressources en conséquence». Les chefs d'Etat présents dans la capitale politique ivoirienne autour de leur homologue Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao, ont réaffirmé leur préférence pour la négociation, mais réitéré leur décision de recourir à une intervention armée si nécessaire. Ils doivent envoyer rapidement «une mission technique» composée de militaires pour «préparer le terrain», et se sont alarmés de «l'objectif des groupes terroristes de créer dans le Nord-Mali un sanctuaire et un centre de coordination pour les réseaux terroristes du continent». Ce sommet ordinaire intervient alors que les islamistes viennent de renforcer spectaculairement leur assise sur le Nord du Malie, qu'ils avaient conquis avec la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) depuis fin mars, chassant mercredi et jeudi le MNLA de Gao (nord-est) et Tombouctou (nord-ouest). Le groupe islamiste Ansar Dine et le Mujao, considéré comme une dissidence d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), veulent imposer la chari'â au Mali. Ils tiennent désormais les places fortes du Nord avec les jihadistes d'Aqmi, après avoir supplanté le MNLA, sécessionniste et laïc. Les dirigeants africains présents à Yamoussoukro ont aussi haussé le ton face aux tâtonnements de la transition à Bamako, lancée après le putsch du 22 mars qui a précipité la chute du Nord malien aux mains des groupes armés. Ils ont d'abord retiré au leader de l'ex-junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo, le statut d'ex-chef de l'Etat qu'il avait obtenu en vertu d'un accord signé par des émissaires de la Cédéao il y a plus d'un mois. En outre, ils ont enjoint au gouvernement malien de transition, critiqué notamment par la classe politique et la société civile à Bamako, et jugé à Yamoussoukro trop faible ou complaisant envers l'ex-junte, à être plus «inclusif».