Nombreux sont les jeunes moudjahidine qui ont lutté durant des années contre le colonialisme français et qui, en dépit de leur corps frêle, ont tenu bon jusqu'aux dernières attaques de l'ennemi et ont préservé intacts leur image et leurs principes d'hommes, dont l'Algérie est toujours fière 50 ans après son indépendance. L'un de ces maquisards, nous l'avons rencontré chez lui à El Mouradia, à Alger. Il s'appelle Messar Youcef. Son vrai nom est Naït Messaoud, relatif à sa région d'origine Azazga dans la wilaya de Tizi Ouzou. Malgré ses 72 ans et les souffrances qu'il a vécues notamment durant la guerre de Libération, il paraît toujours jeune. Issu d'une famille de marabouts et conservatrice, Youcef Messar, témoin sincère de la Révolution , est né en 1940. Sa famille était contrainte de quitter Azazga pour la Tunisie en 1910. «J'ai rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN) alors que je n'étais qu'un jeune garçon âgé d'à peine 20 ans. Mon nationalisme m'obligeait à quitter l'école à un âge très précoce et me consacrer à l'agriculture puisque à cette époque, les conditions de vie étaient très difficiles, c'était notre gagne-pain, et puis aller rejoindre mes autres compatriotes pour combattre le colonialisme était mon but principal bien que j'aie eu l'opportunité de poursuivre mes études au Caire», a-t-il indiqué. Il a souligné que la majorité des Algériens établis à l'époque à l'étranger notamment en Tunisie «avait rejoint les rangs de l'Armée de libération entre 1956 et 1957. En 1958, il avait intégré l'organisation du Front de libération nationale (FLN)». Cet ancien maquisard a été recruté le 16 juin 1960 pour rejoindre les rangs de l'Armée de libération dans une confidentialité absolue. «Seul mon père était au courant de mon recrutement, car il était difficile pour moi d'avouer à ma mère que j'allais mettre ma vie en danger», a-t-il relaté. Choisi pour mener son combat dans les frontières de l'Est du pays, El Kala et Oum Tboul, il retrouve son pays l'Algérie en 1960, accompagné de 16 autres jeunes adolescents et d'autres combattants venus d'Europe grâce à l'aide du FLN qui leur a décerné de faux passeports pour être accueillis par de grandes personnalités politiques telles que l'ancien président Houari Boumediène. «Avant d'entamer la lutte armée, on enchaînait pendant 2 mois, jour et nuit et sans relâche, des entraînements relatifs à l'usage adéquat des armes mises à notre disposition, et c'est à Sakiet Sidi Youcef (petite ville du nord-ouest de la Tunisie, située à quelques kilomètres de la frontière algéro-tunisienne) que s'effectuaient ces cours de maniement d'armes», raconte-t-il soulignant que «l'armée des frontières dont il faisait partie disposait d'un professionnalisme incomparable puisqu'elle était dirigée par Houari Boumediène». Au cours de sa lutte, Messar Youcef et ses compagnons a combattu l'ennemi français avec le bazooka (utilisée durant la Seconde Guerre mondiale) et la MG 42 (mitrailleuse allemande). A la libération du pays, il fallait reconstruire le pays avec des institutions solides pour retrouver son identité, et la volonté d'aller de l'avant était «l'un de nos plus beaux critères malgré notre ignorance et notre manque d'expérience» a-t-il dit. Autodidacte, cet ancien combattant avait contribué à la reconstruction de l'Algérie en s'inscrivant en 1963 au stage des cadres de la Gendarmerie nationale pour être désigné en 1968 officier de police.