El-bahia a fêté avec faste le cinquantième anniversaire de l'Indépendance. Elle s'est mise sur son trente-et-un pour marquer un temps d'arrêt de recueillement et surtout de joie ce jour mémorable du 5 juillet 2012. L'événement méritait toutes les folies et qu'on s'enivre de joie pour fêter la liberté retrouvée. Et pour mieux cuver sa joie, la ville s'était échauffée durant les journées qui avaient précédé ce moment de souvenir. Elle avait organisé sa grande répétition à travers les galas de Mami, Kadem Essaher et Nadjwa Karma qui avaient enflammé le théâtre de Verdure quelques jours auparavant. La nuit du 4 au 5 juillet fut la cerise sur le gâteau, l'explosion d'une joie longtemps contenue. La ville a vécu son défilé de char parés de couleurs chatoyantes, son défilé des troupes venues des quatre coins du monde, ses mouvements d'ensemble exécutés au stade Ahmed-Zabana, ses expositions et son féérique spectacle de feux d'artifice exécutés par des spécialistes chinois en pyrotechnie installés sur le plateau Sidi M'hamed. Mercredi en soirée, des chars chichement décorés ont arpenté le boulevard de l'ALN. Le coup de starter de la parade, donné par une troupe de la Garde républicaine, libérait la voie à l'émerveillement. Oran allait vivre une nuit faite de sons et de couleurs. Douze troupes étrangères et plusieurs autres nationales ont sillonné cette artère au grand ravissement des Oranais qui s'étaient massés de part et d'autre de cette rue. La cornemuse écossaise se mêlait à la gheïta et au pipeau chinois. Le kilt écossais, fièrement arboré par une troupe qui exécutait une trépidante musique celte, rivalisait avec les paréos des darawish d'Egypte. La féerie était au rendez-vous et la ville ne faisait que vivre ses premiers moments de joie. La parade a été à la hauteur de l'événement au grand ravissement d'une foule d'Oranais venus communier. Et alors que les yeux lançaient des éclairs d'émerveillement, le ciel scintillant d'étoiles d'El-bahia fut illuminé par une myriade de couleurs. Le spectacle de feux d'artifice, rythmé par le son des sirènes des bateaux à quai ou sur la rade du port fut le clou de cette soirée qui ne faisait que commencer. Près d'une demi heure durant, le plateau de Sidi M'hamed, réquisitionné à l'occasion, devint l'esplanade d'où fusaient une palette de couleurs qui donnaient au ciel de la capitale de l'Ouest des tons tantôt verts, tantôt blancs et tantôt bleus ou rouge sang. Ce fut l'ébahissement garanti. Jamais spectacle n'a recueilli autant de satisfactions. Le jaillissement des feux était accueilli tantôt par des applaudissements, tantôt par des viva l'Algérie, tantôt par des youyous lancés par des femmes venus s'agglutiner au rond-point du Sheraton ou occuper les abords du plateau de Sidi M'hamed. Et la fête pouvait continuer. Au théâtre de verdure, le spectacle non stop fut une réussite totale. Les troupes de danse et de chants invitées ont bercé la nuit oranaise. Le lendemain, le stade Zabana accueillait un spectacle de mouvements d'ensemble exécutés par 1500 enfants adhérents des maisons de jeunes. Jeudi, le spectacle du théâtre de verdure que devait animer Cheb khaled fut une suite de couacs. Les organisateurs débordés par la foule ont multiplié les bourdes et les incidents techniques. Une femme a été piétinée par une foule en délire venue envahir les travées du théâtre trop exigu pour ce genre de manifestation. Hospitalisée, elle est dans un profond coma. Khaled, qui devait passer à 22 h, n'est finalement monté sur scène qu'aux environs d'une heure du matin, poussant un grand nombre de ses fans à rentrer chez eux. La ville a réussi sa fête mais raté ses haltes musicales au théâtre de verdure. Celle qui devait donner un cachet exceptionnel à cette journée a honoré ses enfants nés le 5 juillet 1962 et donné le coup d'envoi à une exposition de toiles au musée national Ahmed-Zabana.