Le Forum d'Alger s'est tenu hier à l'hôtel Sofitel sous le thème «Projeter dans le futur la symbolique patriotique novembriste». Les différents intervenants au forum, dont la plupart étaient des révolutionnaires de la première heure, se sont relayés pour raconter certains passages de la Révolution. Le forum s'est tenu sous différentes tournures d'innovation, d'excellence et de compétitivité. La société de communication Emergy a fait appel à plusieurs personnalités culturelles, économistes, sportifs, etc. pour aborder l'histoire et l'avenir à leur manière et en partageant leurs expériences, après avoir interprété l'hymne national et observé une minute de silence en hommage à nos glorieux martyrs. Mourad Preure, économiste et président d'Emergy, après avoir présenté les invités du forum, a rendu hommage à l'ambassadeur de Chine qui faisait partie des invités. Il reviendra d'ailleurs sur le rôle de son pays dans la révolution algérienne, qui a beaucoup contribué à la lutte contre le colonialisme français. «On a voulu organiser le forum de manière originale et non académique en rapportant comment les moudjahidine ont vécu l'indécence», déclare-t-il. En tant qu'économiste, il reviendra sur certaines grandes nations qui ont construit leur Etat sous l'emblème du socle symbolique tel que l'Inde et la Chine et émettra le rêve de voir un jour l'Algérie concurrencer ces pays. Le premier intervenant était Rabah Haouchine, qui a récité un poème sur l'Algérie intitulé L'Algérie, ce qu'il y a de plus cher à mes yeux. La seconde intervention était celle de Lounis Aït Aoudia, président de l'Association des amis de la rampe Lounis-Arezki (groupe d'économistes) et ancien révolutionnaire qui a d'ailleurs qualifié la rencontre «d'intergénérationnelle». L'aspect originalité de la rencontre a été mis en exergue par différents intervenants qui ont mis en évidence la présence de lycéens et de jeunes universitaires. «Nous avons voulu créer la jonction entre l'ancienne génération et la jeunesse en les réunissant aujourd'hui afin qu'ils vivent à travers leurs aînés la Révolution algérienne», dira-t-il. Transmettre le flambeau à la nouvelle génération De son côté, la moudjahida et la révolutionnaire Djoher Amhis, ancienne enseignante, qui n'a eu de cesse de former de jeunes algériens pour les préparer à la lutte anticoloniale. «Il est important de s'impliquer dans la formation de la jeunesse et miser sur la culture et l'histoire», indiquera-t-elle. Elle insistera sur l'importance de former la jeunesse qui, en minimisant l'éducation, ne fera qu'hypothéquer l'avenir. «On n'a pas assez travaillé sur les repaires et il faut donc raconter le parcours de nos parents», précisera-t-elle. Quant à la culture, elle mettra en valeur la célèbre phrase de Mouloud Mammeri, qui disait que «l'Algérie a été une terre d'accueil pour plusieurs cultures sans qu'elles s'installent». Elle a appelé à tirer la morale de cette citation en bénéficiant des différentes cultures. Une autre moudjahida a aussi pris la parole, Akila Ouared, présidente de l'Association pour la défense et la promotion des droits de la femme pour évoquer l'importance de la restitution de l'histoire. «Il est important de construire notre avenir sur notre histoire collective», explique-t-elle. Elle relatera son parcours de combattante auprès du Front de libération nationale. Tout avait commencé lors de la grève des huit jours, lorsque le FLN avait distribué des tracts aux jeunes Algériens pour qu'ils quittent les bancs de l'école et rejoignent la Révolution. «Le FLN n'avait pas assez de moyens et il fallait que tous les Algériens mettent leur main à la pâte, nous avions décidé avec mon père qui était syndicaliste à l'époque de faire d'autres tracts et de les distribuer à notre tour», raconte-t-elle. Elle parlera longuement de la fibre patriotique et du fait qu'on ne naît pas militant mais qu'on le devient. «J'étais entourée de révolutionnaires et après que la France ait rompu sa promesse de nous octroyer l'indépendance après le 8 mai 1945, il fallait manifester par les armes», relate-t-elle. Malgré son dur combat auprès des forces du FLN, Mme Ouared est restée humble et conclut sa prise de parole en se disant être toute petite devant le sacrifice de Hassiba Ben Bouali, Ourida Medad, etc. Chergui Brahim, ancien militant de la cause nationale était aussi présent lors de ce forum. Une indépendance méritée Lors de son allocution, il parlera des différentes étapes de la Révolution algérienne, à savoir la création de l'Armée de libération nationale et la sélection des militaires par grades. Il raconta aussi la volonté de Messali Hadj qui, après avoir créé le Parti populaire algérien (PPA), eut des visions de grandeur et voulu s'approprier la Révolution alors qu'il était en France. Il compara d'ailleurs cette attitude à celle de Aït Ahmed qui veut contrôler le Front des forces socialiste (FFS) de Suisse. D'autres intervenants et révolutionnaires ont tenu également à mettre l'accent sur la révolution agraire, au moment où le colon s'appropriait les terres algériennes, sur le mérite des Algériens dans la lutte armée et la libération de l'Algérie. La plupart se sont accordés à dire que la Révolution était acquise et non octroyée, contrairement à ce que pensent certains historiens qui falsifient l'histoire. Le montant de trois millions de francs dépensés par les forces coloniales par jour lors de l'occupation était la principale raison qui a poussé De Gaulle à abdiquer et à signer les accords d'Evian.