La veuve de l'ancien président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat va porter plainte à Paris après des informations de presse selon lesquelles il aurait été empoisonné au polonium, une substance radioactive, en 2004, a annoncé mardi le cabinet d'avocats qu'elle a saisi. "Madame Arafat espère que les autorités saisies pourront établir les circonstances exactes de la mort de son mari et rechercher la vérité, afin que la justice soit rendue", écrit le cabinet de Me Pierre-Olivier Sur dans un communiqué. La plainte devrait être déposée d'ici la fin du mois. Son objet exact est à l'étude. Elle pourrait viser des faits d'assassinat ou d'empoisonnement. L'Autorité palestinienne a déjà donné son feu vert la semaine dernière à l'exhumation du corps de Yasser Arafat. Selon des examens menés par un laboratoire suisse et dévoilés mardi dans un documentaire de la chaîne de télévision qatarie Al Djazira, des traces anormalement élevées de polonium ont été retrouvées dans les effets personnels de Yasser Arafat. Ce dernier est décédé à l'hôpital militaire de Percy, en région parisienne, en 2004. Dans des déclarations, Souha Arafat dit croire à la thèse d'un meurtre, soulignant qu'Israël et les Etats-Unis voyaient à l'époque en son mari un obstacle à la paix dans la région. "Arafat voulait le succès de la cause palestinienne pour (la création) d'un Etat palestinien et c'est pour cette raison qu'ils se sont débarrassés de lui", a-t-elle dit à Al Djazira. Israël a démenti toute implication dans la mort du leader historique palestinien, qui avait 75 ans lors de son décès. Yasser Arafat était tombé subitement malade et était décédé sans que ses médecins trouvent une explication à sa maladie, entretenant les soupçons d'un empoisonnement. Du polonium 210 avait été retrouvé dans le corps de l'ancien espion russe Alexandre Litvinenko en 2006 à Londres. L'hypothèse d'un empoisonnement volontaire avait été émise. Président de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) dans les années 1960, Yasser Arafat avait signé un accord de paix avec les Israéliens en 1993 à Camp David établissant une autonomie de la Cisjordanie et de la bande de Gaza. En 2004, le ministre israélien des Affaires étrangères, Silvan Shalom, avait estimé qu'il était "scandaleux" et "faux" d'imaginer une implication de l'Etat hébreu dans la mort d'Arafat.