«La police algérienne ne s'est pas créée après l'Indépendance mais tient ses origines de l'ère numide, où les Berbères régnaient sur Cirta et sur le Maghreb» a indiqué hier M. Abdelkrim Chaouki, directeur du musée de la police, au forum d'El Moudjahid. Sous le thème «Historique de la police depuis 50 ans, la rencontre organisée par l'association Machaal El Chahid qui a regroupé des corps de la police, des officiels et des membres des scouts algériens était consacrée à la narration des étapes traversées par la police depuis l'Indépendance. Lors de son exposé, M. Chaouki reviendra sur les périodes de la création de la police nationale en commençant par l'époque numide jusqu'à nos jours en passant par l'ère ottomane. La capitale de la Numidie, Cirta, actuelle Constantine, a été citée en exemple en matière de sécurité dans une époque où le banditisme et les crimes étaient courants. Par la suite, c'était la conquête islamique où la sécurité était à son paroxysme et prise comme modèle pour d'autres civilisations. «Nous avons retrouvé des traces de la police du début de l'Islam en Algérie» dira le conférencier. Durant l'Etat des Rustumide, l'administration sécuritaire algérienne a renforcé la sécurité dans les villes et campagnes et mobilisé davantage d'effectifs afin de répondre à la grande demande. Il s'en suivra l'ère fatimide, dont la capitale était Irdjer, actuelle Sétif et qui s'est par la suite propagée en Tunisie et en Egypte. Le système sécuritaire s'est vu davantage développé durant cette période et cité partout dans le monde comme référence. La police algérienne s'est vue renforcée également durant l'époque hammadide et celle des Zianides. De 1515 à 1830, l'Algérie a connu l'ère ottomane qui s'est caractérisée par une importante évolution dans les techniques sécuritaires. A ce propos, William Sheler, artiste français, dira de l'Algérie à l'époque coloniale que c'était le pays où l'ordre et la discipline ont atteint un niveau de performance remarquable. L'Emir Abdelkader à son tour reprendra la gestion du pays pour accorder une place spéciale à l'ordre et au maintien de la stabilité sociale. «L'Emir Abdelkader s'est consacré énormément au développement de la police et le colonel anglais Scott le soulignera en relevant le fait que les citoyens pouvaient par exemple se déplacer d'une ville à l'autre avec une bourse remplie d'or sans qu'il ne leur arrive rien», dira M. Chaouki. Par contre, lorsque l'Algérie deviendra colonie française, la police algérienne a été dissoute en faveur de la française. «Les Français qui travaillaient dans la sécurité avaient beaucoup de privilèges et étaient bien considérés», a analysé le responsable du musée de la police. Au déclenchement de la guerre de Libération, c'était uniquement l'Armée de libération nationale qui se chargeait de la protection des citoyens. Ce n'est qu'en 1956, après le Congrès de la Soummam, qu'une police représentant les Algériens été née. Le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) s'est chargé d'envoyer quatre groupes de jeunes candidats en formation en Egypte afin de les initier aux techniques sécuritaires. En 1977, c'est Ahmed Draya qui reprendra les rênes et de construire des nouveaux commissariats et des centres de formation pour les officiers. De 1977 à 1995, El Hadi Lakhdiri est désigné à la tête de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) et une nouvelle dynamique sécuritaire se mettra en place. «Des accords et conventions en matière sécuritaire seront signés avec des pays voisins», déclare M. Chaouki. Le commandement d'Ali Tounsi, entre 1995 et 2010, a été marqué par l'ère technologique et scientifique qu'a connue la police. De 2010 jusqu'à aujourd'hui, la DGSN dirigée par le général-major Hamel Abdelghani accorde plus de moyens à la communication et l'amélioration de la situation sociale dans le pays. «Nous sensibilisons les citoyens à s'approcher des services sécuritaires et de signaler tout écart à l'ordre établi pour un travail en complémentarité avec la DGSN», conclut M. Chaouki. La rencontre se soldera par l'intervention de l'ancienne ministre déléguée de la Condition féminine, Mme Saida Belhabiles, qui rendra hommage aux femmes du corps sécuritaire.