Week-end décisif pour le Mouvement de la société pour la paix (MSP), en proie à une crise qui risque tout bonnement de «décomposer» ses structures, jusque-là maintenues par un discours qui se veut rassembleur. Mais il n'est un secret pour personne qu'au sein de cette formation commencent à apparaître des dissensions, voire des dissidences dont n'est pas exempt son président, Bouguerra Soltani, appelé à s'expliquer aujourd'hui devant les membres du conseil consultatif. Si officiellement, au programme de cette rencontre interne, figurent, selon les déclarations de Abderrahmane Saïdi, président du conseil consultatif (madjliss choura), le rapport semestriel, l'évaluation des élections législatives du 10 mai, les prochaines élections locales, mais aussi la situation sociale et politique aussi bien sur le plan interne que régional, la crise qui couve au sein du parti ne peut pas être éludée. A commencer par la «bombe» jetée par l'ex- ministre des Travaux publics Amar Ghoul, en rupture de ban avec sa formation politique, auquel on prête l'intention de créer le parti de «L'Algérie pour tous». Saïdi reconnaît que le madjliss «ne peut pas ignorer le projet de Amar Ghoul», mais relativisera en notant que «l'information» qui a fait le buzz sur Facebook et Twitter n'est toujours pas confirmée par le principal concerné. Le malaise qu'a provoqué Ghoul au sein du MSP est d'autant plus profond que l'on a évoqué «un départ massif» des cadres du MSP vers la nouvelle formation de Amar Ghoul, vite démenti par les personnes citées (Saïdi notamment), mais aussi par le bureau national qui s'est empressé jeudi passé d'affirmer que «les cadres du MSP ne sont nullement concernés par ce qui se passe en dehors de ses structures et se désengagent des intentions de départ qui leur sont attribuées», allusion aux informations faisant état d'un certain nombre de cadres qui auraient affiché leur intention de se rallier à la formation de Amar Ghoul. Le point de l'ordre du jour relatif aux élections du 10 mai sera aussi l'occasion pour les cadres mécontents de «demander des comptes» à leur président, responsable selon eux de la déroute du parti aux dernières élections. «C'est bien lui qui a mené le parti à rompre le lien avec l'Alliance présidentielle pour ensuite sceller un nouveau partenariat qui n'a été d'aucun apport pour notre formation», avait confié un cadre du conseil consultatif à notre journal, pour qui «les conséquences du nouveau partenariat paraphé avec El-Islah et le mouvement Nahdha ont provoqué une véritable saignée pour le parti et les résultats des législatives». Il sera question d'ailleurs, apprend-on aussi, lors de cette session, de «revoir» ce partenariat dans la mesure où les deux autres formations, sans poids réel, «ne comptent que sur le MSP pour redorer leur blason». Et Soltani les conforte dans leur conviction en affirmant à chaque fois que l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) survivra aux élections législatives. Alors que la question des listes communes pour les prochaines élections locales n'était pas encore tranchée, Soltani et ses alliés font déjà les yeux doux aux formations de Djaballah et de Menasra. Un «comportement» qui ne laisse pas de marbre certains cadres qui se rappellent les «premières scissions» issues du 4e congrès qui a abouti au départ de Menasra. Les «erreurs» de Soltani ont, selon eux, induit le retrait de Ghoul. La session ordinaire du conseil consultatif va-t-elle colmater ces brèches ou au contraire faire éclater au grand jour un certain nombre de vérités ?