La violence est de plus en plus fréquente ces derniers jours dans les hôpitaux de la plupart des wilayas du pays. Plusieurs citoyens ont redoublé de brutalité envers le corps médical en raison de diagnostics ou de constats négatifs. L'anarchie s'est installée dans la plupart des structures de santé. Les services hospitaliers accueillent ces derniers temps un nombre important de malades et n'arrivent plus à gérer la surcharge des consultations. La trop grosse pression et les consultations à la chaîne entraînent des tensions au sein des services, conduisant à des accrochages. A l'hôpital Mustapha Pacha d'Alger, la semaine dernière, un médecin s'est fait tabasser par un policier en civil. Le médecin résident qui assurait la garde ce soir a été violemment tabassé par les proches d'un patient hospitalisé. Ils lui reprochaient de ne pas avoir pris en charge le malade, alors que le patient nécessitait une intervention chirurgicale et que le médecin en question était un réanimateur. Ce genre de cas n'est pas isolé et d'autres hôpitaux dans des wilayas du pays ont été concernés par ce phénomène. A Constantine, même scénario, un urgentiste s'est fait agresser après avoir annoncé aux amis d'un patient qu'il était décédé. Le médecin en question n'a rien pu faire pour sauver la victime étant donné que cette dernière a fait une chute mortelle du 6e étage. Il était arrivé à l'hôpital dans un état inquiétant et son pronostic vital était engagé. Le docteur Ilyes Baghli, spécialiste en médecine ortho-moléculaire exerçant à Tlemcen, explique cette déchéance dans le système sanitaire par la démission des autorités et des pouvoirs publics qui laissent faire. «C'est en partie à cause de l'effondrement du système de santé algérien que le médecin est le bouc émissaire d'un système révolu qui entraîne la violence», déclare-t-il. Renforcer les structures de soins Certes, le corps médical ne peut pas faire de miracle et sauver dans tous les cas les patients qui arrivent dans les centres de soins, mais ils ont quand même une part de responsabilité dans cette recrudescence de violence. Lorsqu'un malade meurt des conséquences d'une maladie ou après un accident, le personnel soignant ne prend pas de gants dans la façon d'annoncer les faits. C'est dans la plupart des cas de manière violente et brutale que les choses sont dites. Sous l'effet du chagrin et de la colère, les concernés s'emportent et réagissent brusquement. De l'avis du Dr Baghli, le personnel médical a des carences en matière de communication, ce qui crée des malentendus et des quiproquos dans les services. «Il n'y a pas une prise en charge de la communication de la part des médecins durant leur formation. Ils annoncent des diagnostics à tout bout de champ et font des réponses incongrues», précise-t-il. Le meilleur moyen de mettre les patients en confiance et de les rassurer est d'être proche d'eux. Le fait d'employer des termes médicaux et scientifiques déstabilise les malades et leur entourage, créant des troubles dans le dialogue. Pour lui, il y a d'autres moyens d'annoncer la perte d'un malade que : «Il est mort, on n'a rien pu faire, il est décédé…» Il est judicieux d'expliquer à la famille, la situation du malade, comment il a été procédé aux soins et cela en aparté et en prenant le temps du dialogue. Les violences deviennent courantes et les autorités semblent indifférentes à ce constat. Certains policiers des services hospitaliers n'agissent pas quand ils constatent des cas d'agression. Le système sanitaire doit être renforcé en tous points, en matière d'infrastructure, de matériel, de personnel qualifié et apte à gérer les perturbations, dont ce genre d'incidents.