De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Les gestionnaires de la Santé rassurent sur la prise en charge des patients. Quoique les services en dehors des urgences observent un léger relâchement et le parcours du combattant demeure la thérapie préliminaire pour les malades.Chaque médecin renferme-t-il sa propre interprétation du serment d'Hippocrate ? Pourtant le dogme est inflexible. Même au Ramadhan ! Cette appréciation est récusée par le staff médical qui estime accomplir sa tâche consciencieusement tout au long de l'année. Si certaines administrations écourtent ou égratignent leur volume horaire durant les journées de carême, les urgentistes et services de la Protection civile ne badinent pas avec la santé des malades et les cas urgents. Une vertu que personne ne pourra leur dénier. Dans cette optique, un médecin affilié au syndicat des praticiens spécialistes nous éclairera: «Il est vrai que le mois d'août demeure le plus prisé pour les congés annuels d'autant que cette année le mois sacré s'y trouve au beau milieu. Mais la prise en charge des malades n'est en rien sacrifiée. Les gardes et les urgences fonctionnent le plus normalement du monde depuis le début du mois de jeûne.» Un constat qui est valable pour tout le secteur de la Santé publique. «Mais on constate que le nombre d'hospitalisations diminue en ce mois de jeûne. Car les malades souhaitent rester à domicile entourés de leurs proches qui les accompagnent dans le traitement surtout si celui-ci nécessite une simple prise en charge. Ou si le sujet est traitable en ambulatoire pour un temps donné», a-t-il ajouté. De surcroît les services d'analyses médicales et de radiologie au niveau des structures sanitaires travaillent et continuent d'accueillir les patients, rassure-t-on par le biais des responsables de la Santé. les établissements de Santé de proximité (EPSP) ou les hôpitaux spécialisés maintiennent leur cadence. Mais d'aucuns estiment que le parcours pour les patients au niveau de l'établissement central, le CHU, laisse à désirer en raison de l'absence d'agent ou d'un paramédical d'accueil, parti «errer» dans les services. Ainsi il ne se passe pas un jour sans que les personnes présentes dans les différents espaces de soins manifestent leur ire contre le personnel, pointé du doigt pour ses pauses récurrentes et sa passivité aux abords des pavillons. Soumis aux «humeurs» du jour des soignants, les malades et leurs proches se doivent faire preuve d'une patience exemplaire sous peine d'essuyer un affront. Et la situation ne se limite pas uniquement au mois de Ramadhan. C'est un constat qui peut se faire tout au long de l'année. Si le Samu et les urgences œuvrent sans interruption pour sauver des vies il reste certaines lacunes à combler. Toutes liées à la conscience, différemment perçue chez le staff médical et administratif. «Les urgentistes font certes leur boulot. Cependant une fois le patient transporté à l'hôpital il devra prier pour ne pas voir son cas s'aggraver faute d'une continuité dans sa prise en charge», alerte un parent. Cela s'explique, selon les gestionnaires de la santé, par l'incapacité de cette structure à gérer la forte pression puisqu'elle reçoit des patients venant de diverses localités. Et il est donc (souvent) impossible de réagir dans les temps avec un staff destiné à prendre en charge un ratio prédéfini. Les services des urgences et des consultations médicales sont les plus fréquentés par la population. Pour la simple raison que les altercations entre les jeûneurs (notamment à quelques heures de la rupture du jeûne) enregistrent une courbe ascendante et les personnes âgées chroniques notamment sollicitent les tensiomètres et glucomètres des services pour mesurer leur glycémie et leur tension artérielle. «Question de pouvoir résister à l'abstinence», fait remarquer un résidant au Centre hospitalier Ben Badis. Après le f'tour l'hôpital ne baisse pas les bras et continue d'accueillir des patients. Certaines victimes d'intoxications alimentaires, d'autres de traumatismes liés à des accidents domestiques. La fréquence des admissions varie selon la gravité décelée dans les diagnostics. Au moment où certains services du CHU impuissants renvoient des malades, le secteur privé les accueille à bras ouverts moyennant paiements.