Carence n Jamais le secteur de la santé n'a connu d'aussi graves défaillances que durant ces dix dernières années. Et la situation va en empirant... Le constat est aujourd'hui des plus amers : hôpitaux et autres structures sanitaires en dégradation constante, un personnel médical et paramédical en ébullition et…des citoyens qui doivent faire à chaque fois le parcours du combattant pour se soigner. Pour un simple diagnostic, le malade est appelé à des démarches marathoniennes et finit dans la plupart des cas par l'aggravation de son état de santé. Et pour cause, les établissements sanitaires n'arrivent plus à jouer pleinement leur rôle soit par manque de matériel médical, soit en raison des grèves quasi permanentes des médecins et personnel paramédical. Les hôpitaux situés dans les grandes villes du pays souffrent, en conséquent, d'un surnombre de malades n'ayant pas trouvé d'infrastructures médicales dans leurs régions respectives. Les quelques hôpitaux de la capitale en sont la meilleure illustration. En effet, des centaines de patients, venus de l'intérieur du pays, y attendent impatiemment une visite médicale ou un rendez-vous pour des interventions chirurgicales ou des soins spécialisés. Et seuls les plus chanceux arrivent à leurs fins : un rendez-vous dans… quelques semaines ! Les autres devront revenir. Ce déséquilibre, des plus préjudiciables, est le résultat d'une mauvaise gestion du secteur et l'absence d'une politique visant à assurer une prise en charge sanitaire à l'ensemble des citoyens à travers le territoire national. Une réalité qui est en pleine contradiction avec les discours prometteurs des responsables qui se sont succédé à la tête du secteur. Les annonces et les promesses se sont finalement avérées des discours creux. Le projet de réforme hospitalière entamé au début des années 2000 n'a pas apporté d'améliorations notables des prestations. Il est vrai qu'un nombre important de structures sanitaires a été construit ces dernières années dans certaines localités du pays, mais elles sont dépourvues du matériel nécessaire et du personnel spécialisé. Certaines structures n'ont fonctionné que quelques mois faute d'entretien du matériel et de suivi. En outre, les responsables du secteur ont fait preuve, à maintes reprises, de leur incapacité à gérer des situations délicates. Le manque de protoxyde d'azote, matière indispensable pour l'anesthésie, a paralysé les services chirurgicaux durant plus de six mois, la vaccination contre la grippe porcine s'est avérée totalement défaillante… Ce sont, là, les plus récents exemples. En un mot, le secteur de la santé est vraiment malade en Algérie, pour reprendre l'expression du Dr Yousfi, président du conseil national du syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique ( Snpssp).