Les limiers de la douane ont enquêté sur une sombre affaire d'escroquerie dans laquelle sont impliqués des douaniers, des importateurs et des agents de transit. L'enquête menée pendant plus de six mois a permis d'établir un audit financier confié à la brigade économique de la Gendarmerie nationale, qui a poursuivi l'instruction avant de transmettre le dossier au procureur de la République près le pôle judiciaire spécialisé d'Oran. C'est pas moins d'une trentaine de mis en cause qui sont entendus par la justice et l'enquête pourrait toucher d'autres personnes aussi bien dans l'administration douanière que parmi les opérateurs économiques ou des agents de transit. En effet, la justice se retrouve devant une affaire d'escroquerie dont le préjudice avéré à ce jour se chiffrerait à des millions de dinars. Ces individus procédaient à l'enlèvement de marchandises du port d'Oran, supposées dédouanées. Les opérateurs économiques avec la complicité de transitaires et agents de la recette des douanes du port d'Oran procédaient à l'enlèvement de marchandises avec de faux reçus de versements de taxes douanières et fiscales. Ces reçus contrefaits ou falsifiés ont servi à plusieurs opérations d'enlèvement, affirment des sources concordantes, précisant que le stratagème a duré pendant plusieurs mois avant que le pot-aux-roses ne soit découvert après l'audit financier ordonné par la direction générale des douanes. Des agents des douanes affectés à la recette du port établissaient de faux documents à partir de souches de bons de versements ou d'anciens bons, qu'ils maquillaient ou trafiquaient pour leur donner l'aspect de documents comptables neufs. «Certains bons étaient dupliqués ou scannés avec de faux numéros de série», affirme une source proche du dossier. Plusieurs mouvements d'enlèvement de marchandises soumises à l'obligation de dédouanement ont été effectués sans qu'ils ne soient suivis d'indices de traçabilité au niveau de la caisse comme les fonds de versements ou les documents comptables. «Ces mouvements étaient effectués sans le versement des droits et taxes douanières avec la complicité de certains agents de la recette des douanes du port d'Oran», notent les mêmes sources. Le procureur de la République de la chambre d'instruction du pôle judiciaire spécialisé d'Oran pourrait prononcer des décisions d'emprisonnement, affirment nos sources, qui ne manquent pas d'indiquer que pour ne laisser aucune zone d'ombre, l'instruction pourrait solliciter des commissions rogatoires pour toucher d'autres cercles et d'autres sphères de l'administration douanière qui a subi un grand préjudice. Il y a lieu de préciser que certains transitaires, «mouillés» de près ou de loin dans cette affaire ont procédé à des paiements différés de certaines opérations suspectes pour éviter qu'ils ne soient éclaboussés par le scandale, ce qui est un autres crime si on se conformait à la législation en vigueur.