C'est pratiquement toute la ville de Batna qui est envahie, ces jours-ci, par la présence de malades mentaux errant en haillons, les cheveux crasseux, parfois torse nu. Le phénomène a été observé juste après l'Aïd El-Fitr. Ils sont de tous âges et de tous genres. Si certains ont établi leur quartier général, d'autres sont en mouvement d'errance. Leur nombre va croissant, ce qui suscite déjà un malaise au sein de la population. Des comportements impropres à la vie sociétale avec des propos incohérents parfois agressifs proférés à longueur de journée par le délirant. Ces malades mentaux errant à Batna peuvent présenter un danger public du fait de leurs agissements. Batna, ces jours-ci, est en train de devenir un véritable déversoir d'aliénés mentaux. Si jusque-là, la population supportait la présence de ces «fous», il n'en demeure pas moins que leur nombre, qui va crescendo, suscite un certain nombre d'inquiétudes. De là, il est à se demander ce qui peut expliquer la présence d'un si grand nombre de malades mentaux errant dans la ville. De l'avis de certains citoyens, une grande partie de ces malades n'est pas originaire de la ville et viendrait d'ailleurs. «Les responsables et les élus des wilayas environnantes ramassent ces malades, et la nuit tombée, les débarquent dans la ville de Batna. Ils ne sont pas tous originaires de notre localité», nous révèlent quelques citoyens. D'autres disent que c'est l'hôpital psychiatrique d'El-Madher qui les a libérés et que cette libération s'inscrit dans une thérapie pour insérer l'aliéné mental dans la société. Il était impossible de vérifier l'information auprès de la direction de l'hôpital psychiatrique. En l'absence du directeur, personne n'a voulu se prononcer sur le sujet. Pour la plupart des citoyens de la ville, la raison principale est que la ville de Batna est l'endroit où le malade mental est susceptible de trouver à manger, parce que la population est généreuse et prend en charge les pauvres et les malades. «Ces malades errants viennent à Batna parce qu'ils ont la facilité de trouver à manger et de mendier. C'est pourquoi vous les verrez la plupart du temps au grand marché de la ville», explique-t-on. Même si aucune statistique ne le confirme, force est de constater qu'au niveau des rues, places publiques et autres marchés, leur nombre est de plus en plus important. Ils squattent les espaces publics qu'ils prennent soin d'aménager avec des objets (chiffons, ustensiles divers, éponges de matelas, cartons...) ramassés au cours de leur promenade. Même les places publiques ne sont pas épargnées. Ils y dorment pour la plupart à la belle étoile et s'alimentent des poubelles qu'ils écument à longueur de journée et grâce à la charité des restaurateurs. Ceux qui gardent un peu de lucidité demandent l'aumône, s'adressent aux passants en quémandant quelques pièces, une cigarette, de quoi se payer un café. L'autre versant de ce décor est le comportement de ces malades vis-à-vis du citoyen. Quelquefois pris dans l'étau de la schizophrénie, ils s'en prennent violemment aux passants. En faisant abstraction des obscénités et des mots vulgaires, on raconte qu'un malade mental a giflé une dame en plein centre-ville avant-hier. Les citoyens commencent à s'inquiéter et demandent qu'on éloigne ces malades de la ville parce qu'ils deviennent dangereux. Un malade a été vu tenant des pierres à la main qu'il pouvait à tout moment lancer contre des passants ou des véhicules. Avant que l'irréparable ne se produise, les élus doivent prendre les solutions adéquates pour replacer ces malades dans des hôpitaux psychiatriques.