Le président du Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines (SNAPO), Messaoud Bellambri, a estimé mercredi à Alger qu'il était "absolument urgent" d'en finir avec les situations de "dominance et exclusivité" qui ont entraîné un "surstockage à tous les niveaux" pour pouvoir prétendre organiser le marché du médicament. "Il est absolument urgent d'en finir avec les situations de dominance et d'exclusivité, des pratiques qui ont entraîné des tensions sur le marché du médicament. Cela provoque des rétentions de stock, des réflexes naturels, humains en matière de surstockage à tous les niveaux, aussi bien au niveau des patients, des officines, que des grossisteries. C'est pour cela qu'il est indispensable d'intervenir pour organiser toute cette chaîne", a déclaré M.Belambri à la chaîne III de la Radio nationale. Il a expliqué que ces situations de dominance et d'exclusivité concernent certaines pratiques, notamment "la détention uniquement par un ou deux grossistes à l'échelle nationale de certains produits, de toute une gamme de produits, ou bien la délivrance de toute une production à un seul opérateur". Ces situations peuvent consister aussi en l'importation d'un lot de médicaments faisant l'objet d'une indisponibilité sur le marché et attribué, par moment, à un seul distributeur, a-t-il encore précisé, considérant "absolument nécessaire" d'en finir avec cela et d'instaurer une réglementation interdisant ce genre de pratique. "Il est important d'assainir le secteur, qui touche un point sensible qui est la santé du citoyen et de le réserver uniquement aux professionnels, et d'instaurer des règles déontologique à tous les niveaux", a-t-il ajouté. Le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, M. Abdelaziz Ziari, a tenu mardi une réunion à huis-clos avec les acteurs et opérateurs publics et privés de l'industrie pharmaceutique. M. Ziari a affirmé que la réunion avait pour objectif de s'enquérir de la situation interne du marché de l'industrie pharmaceutique et parapharmaceutique en Algérie. Interrogé sur les causes de la pénurie de certains médicaments, le président du SNAPO a imputé ce phénomène à "l'indisponibilité" de la matière première et au fait que "les usines ferment pour congé annuel durant deux ou trois mois pendant la période estival". L'Agence nationale du médicament nécessaire pour un bon fonctionnement du marché Concernant la situation du marché du médicament, M. Belambri a estimé que plusieurs intervenants s'accordent à dire qu'il est "désorganisé, partant de l'importation, à la production jusqu'à la distribution". Selon lui, un bon fonctionnement du marché du médicament requiert l'installation de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques (ou Agence nationale du médicament), qui est "la volonté même du nouveau ministre de la Santé". Cette agence va assurer "un large suivi, la régulation et l'attribution des autorisations", a-t-il dit, soulignant qu'elle devenue "une nécessité et une urgence". "On ne peut pas régler les problèmes qui touchent le secteur en installant des comités de manière provisoire. Il faut un organe officiel, fort sur le plan juridique, disposant de tous les moyens humains et matériels pour accomplir ses missions", a-t-il plaidé. Revenant sur la rencontre mardi des professionnels du secteur avec le ministre de la Santé, M. Belambri a affirmé qu'il "a réellement perçu une volonté forte et nette d'endiguer définitivement ce phénomène (pénurie). Nous sommes convaincus qu'avec la volonté, nous allons y arriver". Interrogé sur la profusion d'ouverture d'officines dans certaines zones, M. Belambri a indiqué que cette situation avait déstabilisé la profession, relevant que la responsabilité en incombe aux directions de la santé qui ont permis "l'ouverture de nouvelles officines de manière totalement illégale dans des zones qui en étaient déjà suffisamment pourvues".