Concertation - Le ministre de la Santé a tenu, hier, mardi, une réunion avec les acteurs et les opérateurs publics et privés de l'industrie pharmaceutique. Cette réunion a pour objectif d'«écouter tous les acteurs, d'identifier les carences et de prendre les mesures qui s'imposent afin que ce problème de pénurie de médicaments ne puisse pas se reproduire de façon récurrente», a affirmé Abdelaziz Ziari, dans une déclaration à la chaîne III. Les mesures annoncées restent l'ultime espoir de crever enfin l'abcès de cette crise et de mettre fin à la pénurie de médicaments. Celle-ci touche toutes les catégories, y compris celles fabriquées localement. «Nous recensons aujourd'hui une centaine de marques de médicaments manquant sur le marché», selon le Dr. Messaoud Belmabri, président du syndicat national des officines. Ce syndicaliste estime qu'il est urgent d'en finir avec certaines pratiques notamment de dominance et d'exclusivité pour régler ce problème de pénurie. Parmi ces pratiques, il cite la détention par un ou deux grossistes, à l'échelle nationale, de toute une gamme de produits mais également la délivrance de toute une production à un seul opérateur. «Lorsqu'il y a pénurie d'un médicament, on attribue parfois un lot importé à un seul distributeur», a-t-il noté. Le Dr Belmabri, qui s'exprimait ce matin sur les ondes de la chaîne III, affirme que sur une dizaine de grossistes, il y en a «deux ou trois qui dominent réellement le marché». «On parle de 500 grossistes, mais nous pensons qu'il n'y en a effectivement que 200 qui sont en exercice. Quand on domine le marché de cette façon, toute action et pratique a des conséquences très lourdes. Si une dizaine ou une vingtaine de distributeurs détiennent 80 % du marché, on imagine les conséquences de leurs pratiques négatives qui entraînent des rétentions de stocks et des sur-stockages à tous les niveaux», a-t-il expliqué. C'est pour cette raison que le président du Snapo estime que «c'est le moment ou jamais de passer aux choses sérieuses, de prendre des mesures réelles qu'on pourra mettre en pratique sur le terrain». Parmi ces mesures, M. Belmabri propose d'instaurer des règles déontologiques à tous les niveaux et faire un suivi au niveau de toute la chaîne : importation, production et distribution. «Il faut lutter pour qu'il n'y ait plus qu'une poignée de distributeurs qui dominent le marché, cela est dangereux non seulement pour le marché mais aussi pour les citoyens. Il y aura un accès sélectif aux médicaments», a-t-il dit. En outre, le président du Snapo est revenu sur l'importance d'installer l'agence de médicament qui, selon lui, est une urgence. Par ailleurs, le Dr Belmabri a indiqué que la production nationale (publique et privée) détient 35 à 40 %. Cependant, explique-t-il, il faut distinguer entre le conditionnement et la production. «N'importe quelle officine au niveau national peut conditionner des médicaments. Il y a des médicaments qui ne pourront jamais être fabriqués en Algérie. Ils ne pourront qu'être conditionnés. Il faut être raisonnable et ne pas chercher à tout produire», a-t-il conclu.