La séance d'ouverture de la nouvelle législature est « inédite », à plus d'un titre, compte tenu du nombre important des députés qui sont venus valider leur mandat parlementaire pour les cinq prochaines années. Les « nouveaux législateurs » du pays ont occupé leurs sièges dans l'hémicycle, répartis dans un premier temps par ordre alphabétique en attendant la constitution des groupes parlementaires, avant de commencer la séance plénière consacrée justement à l'installation de ces nouveaux élus. Avant de procéder à l'appel nominatif des députés, en vertu de la liste présentée par le Conseil constitutionnel, Mohamed Larbi Ould Khelifa, donné déjà dans la matinée comme futur président de l'APN, a affirmé dans une courte allocution que cette période législative est « cruciale » pour l'avenir du pays. Il a insisté sur la responsabilité du député lors de cette nouvelle législature, dont la première mission serait d'amender la Constitution. Le président de la séance a exhorté les députés à faire montre d'« engagement » et d'un « comportement honorable », surtout en termes de contrôle constitutionnel. M. Ould Khelifa a qualifié la nouvelle APN d'« école de démocratie », compte tenu, a-t-il dit, du « foisonnement » d'idées et de la « diversité » de points de vue en son sein. Pour ce qui est du fonctionnement de l'APN, il a appelé au « dialogue mutuel » entre la majorité et la minorité. Il faut signaler que juste après, la commission de validation des mandats des nouveaux députés a été également installée. Elle est composée de 20 députés représentant les partis politiques constitutionnellement habilités à former des groupes parlementaires. Ould Khelifa les a invités à se réunir au troisième étage pour reprendre les travaux à 15h, afin d'élire le futur président de la chambre basse. LES DEPUTES DE L'AAV QUITTENT L'HEMICYCLE Un bémol. Dès que le président de la séance a achevé son intervention, les députés de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV) se sont mis à brandir l'un après l'autre des pancartes rouges sur lesquelles ils ont inscrit « non à la fraude » tout en tapant sur les tables, en signe de protestation. Ils ont décidé ainsi de se retirer de l'hémicycle, sous prétexte que « ce parlement n'était pas légitime ». L'AAV a eu 49 sièges dans la nouvelle Assemblée. Naamane Laaouar, ex-président du groupe parlementaire du MSP, a affirmé que leur geste a un seul objectif, « celui de dénoncer la fraude ayant entaché les dernières législatives ». Pourquoi ne pas démissionner alors, puisqu'ils siégeront dans une Assemblée qu'ils qualifient d'illégitime ? Réponse du député : « Ils n'ont pas le droit de le faire par respect au peuple qui a voté pour eux. Nos voix sont halal », lance-t-il en expliquant qu'ils n'ont pas l'intention de boycotter l'Assemblée, et leurs futures décisions seront connues ultérieurement. Cette action de l'AAV a d'ailleurs reçu le soutien du premier secrétaire du FFS, Ali Laskri. Miloud Chorfi, ancien porte-parole du RND, a indiqué lui aussi que les députés de l'AAV ont le droit de quitter l'hémicycle, mais ils doivent savoir que « le rêve est fini et le peuple a tranché en faveur du courant nationaliste ». M. Chorfi prévoit d'autres « scénarios » de ce genre lors des prochaines séances plénières, qu'il classe dans la case de l'apprentissage démocratique, avant de confirmer que la majorité parlementaire est la mieux placée pour gérer les affaires du pays ». Pour Seddik Chihab, du même parti, le retrait de ces députés est « une position d'un parti de l'opposition ». « Cette attitude augure d'une Assemblée où tous les avis s'exprimeront », note-t-il. Cependant, il a estimé que ce « comportement n'influera pas sur le déroulement des travaux de l'APN ».Lakhdar Benkhalaf, député du parti du Front de la justice et du développement (FJD) de Abdellah Djaballah, a également soutenu l'action de l'AAV, même si ce groupement de trois partis islamistes ne s'est pas joint aux 16 partis ayant décidé de boycotter l'Assemblée. Rachid Haraoubia, nouveau député du FLN et ex-ministre de l'Enseignement supérieur, estime, quant à lui, que l'AAV a le droit d'exprimer sa position d'une « manière civilisée » dans le cadre de la pratique démocratique. Karima Alloun Louiza Hanoune boude l'hémicycle Mme Louiza Hanoune, présidente du PT, n'a pas assisté à la séance d'ouverture. Djelloul Djoudi, son porte-parole, a profité de l'occasion pour dire qu'il faudrait interpréter son absence « comme un position politique », en précisant qu'elle a déjà validé son mandat avant-hier. Il a encore une fois remis en cause les résultats du scrutin, en affirmant que sans la fraude, le PT aurait eu 80 sièges « au minimum ». Que comptent faire les députés du PT ? La décision sera prise aussi ultérieurement.