La rencontre portant sur le thème «L'entreprise algérienne et sa relation au système financier et bancaire national» organisée à l'hôtel Aurassi d'Alger, sous le haut patronage du président de la République, a permis aux participants d'énumérer les véritables contraintes auxquelles sont confrontés les acteurs économiques algériens, particulièrement les patrons des entreprises privées. L'informel, l'absence de banques privées et la mainmise de l'Etat sur certains secteurs économiques (hydrocarbures, transport maritime…) sont entre autres les failles relevées par des experts et des chefs d'entreprise. «Au moins 35 milliards de dollars circulent dans le marché informel. L'économie informelle se développe de manière incroyable en Algérie», a déclaré Rachid Sekkak, DG de la banque HSBC et membre du Forum des chefs d'entreprise, au cours de l'ouverture des travaux des Journées de l'entreprise organisées par le FCE. Intervenant lors de cette rencontre, Youcef Benabdellah, professeur et expert international, a estimé pour sa part que cet état de fait est le résultat direct de l'absence de banques privées. «Nous avons en Algérie un taux d'épargne des plus élevés au monde. Mais cela ne profite pas aux politiques publiques de développement durable et aux entreprises créatrices des richesses», a-t-il ajouté. Selon Omar Ramdane, président d'honneur du forum du FCE, «l'entreprise privée algérienne est la seule qui n'a pas sa banque privée». L'Etat, a expliqué le président d'honneur du FCE, «depuis sa mauvaise expérience avec la banque Khalifa a fermé toutes les portes à la création de banques privées, refusant ainsi de se mettre au diapason des pays voisins». Omar Ramdane admet que l'accès au financement complètement fermé auparavant au secteur privé est ouvert aujourd'hui. Mais, relève-t-il, certaines insuffisances de financement des activités économiques ou de fonctionnement du marché financier subsistent. «Les banques et les établissements financiers dûment agréés sont pour nous et avant tout des partenaires indissociables avec lesquels nous sommes liés par une relation intime qui conditionne notre avenir commun», a-t-il rappelé. Le FCE se mobilise, dit-il, pour le renforcement du système de régulation au sein de l'économie nationale. Le recours au crédit limité Le professeur Benabdellah a passé en revue dans sa communication un nombre de contraintes portant notamment sur l'accès des entreprises aux crédits bancaires qui agissent, selon lui, négativement sur le système de financement et s'opposent les unes aux autres. «La contrainte de financement continue à être la plus dure dans le cortège des contraintes dans le monde», dit-il. Il a jugé «médiocre» le nombre d'entreprises ayant recours aux crédits bancaires. Seulement 22,1% des PME comptant de 50 à 249 salariés ont eu recours aux crédits et 23,1% pour celles comptant plus de 250 salariés. Il y a, poursuit-il, «une faible prise de risque par les banques en raison de l'absence d'un environnement concurrentiel. D'ailleurs, il estime que le nombre d'entreprises est très maigre (15 pour 10 000 habitants, alors que dans les pays émergents, on enregistre de 50 à 60 entreprises pour 10 000 habitants). Il poursuit qu'en «dépit du nombre des PME (publiques et privées) qui a pratiquement doublé en l'espace de quelques années (207 000 en 2003 et 606 000 en 2010), «94% du tissu national des PME génèrent 3,5% de la valeur ajoutée de l'économie nationale». «30 000 très petites entreprises (TPE) ont disparu en 2011», a-t-il fait savoir, précisant que «80% des PME qui sont issues du secteur privé sont d'essence patrimoniale». Les investissements ne sont pas ainsi développés par les MPE dans la mesure où ils n'ont atteint que 11,9% en 2001, avant de chuter à 6,8% en 2009. Cela est reflété à travers «un climat des affaires nuisible et des entreprises non compétitives». L'expert appelle à la mise en place d'«une vision stratégique de croissance hors hydrocarbures» pour promouvoir la production nationale et l'exportation de produits algériens. Omar Ramdane plaide, quant à lui, pour l'ouverture des secteurs d'activités comme le transport maritime, les hydrocarbures et les finances au privé algérien. «L'Etat doit assumer son rôle de régulateur et gérer les deux secteurs stratégiques, l'éducation et la santé», recommande le même intervenant.