Il était attendu que l'accession de François Hollande à l'Elysée allait donner un nouveau souffle dans les relations entre Alger et Paris frappées de crispation, voire envenimées pendant la période de la présidence de Nicolas Sarkozy. En ce sens, il suffirait juste de rappeler que durant le dernier mandat de Sarkozy, des responsables français de la trempe de Bernard Kouchner sont même allés jusqu'à souhaiter la mort des dirigeants algériens issus de la génération de Novembre 1954, année du déclenchement de la glorieuse lutte pour la libération du pays du joug du colonialisme. Ceci dit, s'agissant de la gestion des relations algéro-françaises en particulier dans leur volet au passif historique que partagent les deux pays, le nouveau locataire de l'Elysée et ses proches collaborateurs semblent bien déterminés à tourner définitivement la page des erreurs politiques commises par Sarkozy. La reconnaissance, depuis mercredi dernier par la République Française des massacres du 17 Octobre 1961 s'inscrit dans cette logique, même si cette reconnaissance constituait une promesse faite par Hollande durant sa campagne électorale pour la présidentielle française. Elu à l'Elysée début mai dernier, François Hollande vient de joindre l'acte à la parole. «Le 17 Octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'Indépendance ont été tués dans une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes», écrit François Hollande dans un communiqué publié par l'Elysée. Sitôt après, responsables et hommes politiques algériens, membres d'associations engagées dans le travail de mémoire ont salué cette reconnaissance officielle qui augure, disent-ils à l'unisson, «d'une nouvelle étape dans les relations algéro-françaises». En outre, il ressort aussi des réactions d'Alger, le fait que le communiqué de l'Elysée reconnaissant les massacres du 17 Octobre 1961 constitue «un premier pas vers la reconnaissance de tous les crimes et exactions subis par le peuple algérien pendant 132 ans de colonialisme». Alger attend, en effet, de Paris des excuses officielles sur les crimes commis durant la colonisation. Des hommes politiques, ceux du FLN en particulier, ainsi que des animateurs d'associations ne cessent de réclamer la repentance de la France officielle pour son passé historique en Algérie. A Paris, certains milieux politiques, notamment des députés siégeant à l'Assemblée nationale, qui sont hostiles à l'idée de la repentance, s'affairent, quant à eux, à légiférer des légalisations encensant le colonialisme, à l'image de la très controversée loi du 23 février 2006. C'est dire que le passif historique que partagent Alger et Paris déchaîne toujours les passions de part et d'autre de la Méditerranée. La reconnaissance par la République française de la tragédie du 17 Octobre 1961 est loin de faire l'unanimité en France alors qu'en Algérie, l'on s'attend encore à d'autres décisions plus spectaculaires de la part de l'actuel locataire de l'Elysée. François Hollande, dont le communiqué qu'il a paraphé mercredi dernier a été aussi salué par le Premier ministre Abdelamalek Sellal, sera l'hôte d'Alger dans le cadre d'une visite d'Etat prévue avant la fin de l'année.