La toxicologie, sous toutes ses formes, a été au centre des débats, vendredi et samedi, à l'auditorium de la faculté de médecine de Tlemcen. Ce troisième symposium national scientifique a regroupé des universitaires nationaux et étrangers et des spécialistes de l'environnement et de la santé publique. Plusieurs thèmes ont été abordés par les conférenciers, portant essentiellement sur les différents aspects de la toxicologie, les risques toxicologiques, l'évaluation scientifique du risque, les démarches d'identification des risques et des dangers, en vue d'apprécier les risques, les gérer et communiquer à leur propos et enfin l'analyse des risques et leurs impacts sur la santé des populations et sur l'environnement. La toxicologie alimentaire, chimique et médicamenteuse a été au centre des préoccupations des intervenants qui ont relevé «qu'en Algérie, ce sont les formes les plus répandues. Chaque année, on enregistre des centaines de cas d'intoxications alimentaires dus à l'ingestion d'aliments avariés, sans pourtant négliger les autres formes, médicamenteuses et chimiques dont les plus importantes restent l'absorption abusive de psychotropes et les intoxications par le gaz butane et propane». Dans tous les cas, observent les chercheurs, «la prévention doit être la préoccupation majeure. Elle nécessite l'implication de plusieurs services et institutions pour analyser, contrôler et certifier tous les produits mis sur le marché, surtout ceux de large consommation afin d'éviter des intoxications inutiles». Et d'ajouter : «Dans le cas des drogues chimiques, c'est une nouvelle approche qu'il faudrait entreprendre à l'avenir, associant des campagnes d'information et de sensibilisation et des prises en charge psychosociales et médicales.» Plusieurs questions scientifiques ont été aussi abordées et développées telles que le cheminement d'un toxique dans l'organisme, la définition d'un effet toxique et la quantification de la dose toxique. De même, les facteurs pouvant influencer les effets toxiques, les personnes les plus vulnérables aux agents toxiques, l'évaluation d'un effet toxique, les principales manifestations toxiques et les démarches à suivre en cas d'épidémiologie toxique. Ainsi selon les chercheurs, la toxicologie cherche donc à caractériser le risque écotoxicologique, en évaluant le danger d'une substance et l'établissement de seuils relatifs au-delà desquels une substance a un effet toxique, ou en deçà où elle est inoffensive, ainsi que la probabilité d'exposition à cette substance qui dépend de ses propriétés physiques et chimiques, des caractéristiques de l'environnement, la voie d'exposition, et l'âge et le sexe des personnes exposées. L'écotoxicologie pour assurer la protection de l'environnement C'est ainsi qu'est née, d'après les spécialistes présents à ce séminaire, l'écotoxicologie, une jeune discipline apparue après la toxicologie qui reprend ses méthodes, mais en élargissant le champ à l'environnement des humains et de la biosphère tout entière. Elle est issue de la toxicologie de l'environnement qui prend en compte les rejets toxiques, surtout industriels et leur impact sur l'environnement et la santé publique. Grâce à cette nouvelle discipline, «des études ont été établies sur la réponse des systèmes biologiques complexes aux polluants et des lignes directrices ont vu le jour afin d'assurer la protection de l'environnement contre d'éventuelles récurrences. L'écotoxicologie prédictive s'applique à établir et prévoir le comportement et les effets de substances pouvant se retrouver dans l'environnement, et dont l'examen au préalable remet en question leur prochaine commercialisation. Cette perspective entre dans les objectifs de la méthodologie de l'évaluation des risques pour la santé des écosystèmes, ainsi que la mise au point pour l'efficacité des méthodes faisant partie d'une autre percée actuelle en environnement», selon les chercheurs. Tous les intervenants ont été unanimes pour affirmer «que pour mettre en œuvre cette nouvelle méthodologie en écotoxicologie, les moyens matériels et humains doivent être associés à une volonté politique pour protéger l'environnement, combattre tous les rejets industriels toxiques et mettre en place un véritable dispositif de contrôle de qualité des produits alimentaires et tout autre produit commercialisé». Notons que lors de l'inauguration des travaux de cette rencontre scientifique, il a été annoncé par la présidente de la Société algérienne de toxicologie, Mme Merad Rachida, la naissance de l'Association maghrébine de toxicologie. «L'objectif de cette nouvelle structure est de faire face, en force, aux nouveaux défis qui guettent les populations du Grand Maghreb et fédérer les trois associations dans un espace maghrébin qui nous permettra de renforcer et échanger les expériences scientifiques dans le domaine de la toxicologie, car il existe des risques toxiques communs», dira Mme Merad.