Le constat a été fait lors des premières journées de toxicologie qui ont pris fin jeudi au cercle de l'armée. Parmi les produits les plus mis en cause, on cite le plomb. Il est en tête de liste. Selon le Dr Boukort du service de médecine du travail au CHU de Bab El Oued, le laxisme des employeurs qui « ne suivent pas la réglementation en vigueur » est à l'origine de cette flambée de cas d'intoxications aux produits chimiques. Elle revient sur l'évolution des statistiques relatives aux intoxications par le plomb depuis 2004 avec 54 cas déclarés. La courbe a chuté à 46 cas en 2005 pour atteindre, par la suite, le pic de 70 cas en 2006. « Au total, 941 maladies professionnelles ont été recensées en 2006 par la Cnas, dont 70 cas d'intoxications par le plomb, a-t-on souligné. Pour le Pr Reguabi, professeur au département Pharmacie à Alger et vice-président de la société algérienne de toxicologie organisatrice de la rencontre, il est urgent de mettre en place un système de contrôle sévère et rigoureux dans le domaine de l'analyse toxicologique. Le renforcement de la formation et l'amélioration de la qualité de l'enseignement sont aujourd'hui indispensables, a-t-il souligné. « Il est nécessaire de former des toxicologues en nombre suffisant et les mettre en amont du risque. Les toxicologues ont pour rôle, justement, de prévenir ces risques. Outre le risque d'intoxication des personnes, les risques toxiques sur l'environnement sont aussi importants », a ajouté le Pr Reguabi en rappelant les effets nocifs des déchets industriels et produits chimiques sur l'environnement, lesquels, a-t-il souligné, « favorisent l'apparition de maladies graves chez les travailleurs, telles que le cancer, les troubles immunitaires et la stérilité. Plus de 500 000 tonnes de pesticides sont stockées dans les pays du Sud, y compris chez nous ». La fermeture des usines très polluantes doit se poursuivre, poursuit-il, d'autant que les risques sont incalculables pour la santé de l'homme et l'équilibre de l'environnement. Il a plaidé, dans ce contexte, pour une réglementation plus sévère, interdisant l'utilisation des substances dangereuses et l'importation de l'amiante. « Il faut également, a-t-il ajouté, imposer aux industriels de procéder à la récupération de leurs déchets industriels. » Les spécialistes ont, durant ces deux jours, insisté sur la mise à niveau de la formation universitaire. Pour le Pr Rachida Merad, présidente de la Satox, la toxicologie intéresse tous les domaines de la société et cette rencontre, a-t-elle expliqué, vise à faire le point sur le plan de la formation et de la prise en charge des malades intoxiqués et des risques toxiques, afin de mettre en place des structures de contrôle. Elle a mis l'accent sur l'origine des intoxications où les médicaments viennent en tête avec plus de 5% des cas déclarés, suivies des intoxications par les pesticides (15%) et les produits ménagers (8%). Pour le Pr Alamir, directrice générale du Centre national de toxicologie (CNT) de Dély Ibrahim, seul un spécialiste en toxicologie est capable de détecter la menace ou la gravité de l'intoxication chez un patient.