Les professeurs en toxicologie ont lancé hier un cri de détresse concernant l'enseignement de la toxicologie au niveau du département de pharmacie à l'université d'Alger. La qualité de cette formation a perdu toute son essence puisque les travaux pratiques ne sont plus assurés au niveau de la faculté. « Les toxicologues arrivent sur le terrain ignorant toutes les techniques nécessaires pour la prise en charge de toutes les intoxications », a déclaré le professeur Mérad Rachida, du département de pharmacie, lors des premières journées de la Société algérienne de toxicologie organisées hier au Cercle national de l'armée. « Outre la partie théorique, la toxicologie n'est plus enseignée sur le plan pratique. Ce qui est extrêmement regrettable. Ceci est principalement dû au manque de moyens », a-t-elle signalé. Pour la présidente de la Société algérienne de toxicologie, il est temps de prendre en charge cette situation et de penser à améliorer les conditions d'enseignement surtout que « notre rôle est de prévenir ces intoxications sachant que notre environnement est toxique. Le toxicologue a un rôle de sentinelle pour une surveillance de tous les produits, notamment les médicaments qui sont la cause de 50% des intoxications ». Ces intoxications, en l'occurrence chroniques, prennent des proportions importantes en Algérie. Si certaines d'entre elles sont collectives et involontaires, les proportions des intoxications volontaires, tentatives de suicide notamment, sont effarantes. Les statistiques avancées par le professeur Abtroun, du service toxicologie à l'hôpital de Bab El Oued, donnent froid dans le dos. Selon elle, parmi toutes ces intoxications, près de 80% sont volontaires. En outre, celles-ci touchent 61% des femmes. « Elles constituent un risque pour la santé publique. Le centre antipoison contribue efficacement pour lutter contre ces intoxications par l'information et la formation des personnels médicaux. Il assure une formation à distance pour les médecins qui ont acquis certaines conduites à tenir devant les cas d'intoxication. Nous souhaitons aujourd'hui la déclaration obligatoire de tous les cas afin de pouvoir évaluer les statistiques. Ce qui nous permettra de quadriller ce réel risque à l'échelle nationale et harmoniser toutes les données pour mieux cerner cette problématique », nous a confié le professeur Abtroun. Le professeur Reguabi du département de pharmacie, qui regrette amèrement la déliquescence de cette spécialité, affirme que « la mentalité qui s'instaure au niveau des facultés va à l'encontre de la famille des sciences ».