Les déclarations du président français sur la reconnaissance de la répression des manifestations du 17 octobre 1961 à Paris auront été l'objet d'un débat «houleux» dans les colonnes de la presse française. Les personnalités politiques affiliées à la droite et à l'extrême droite se sont servies de ces tribunes pour déverser leur fiel, tout en dénonçant les propos du président Hollande qui s'apparenteraient, selon eux, à une repentance, un terme que la classe politique française, y compris la majorité PS, rejette en bloc. Concernant le vote reconnaissant la répression sanglante des manifestations du 17 octobre 1961 par le Sénat, la presse française se fait moins prolixe et dans son ensemble elle a repris des dépêches d'agences de presse. «Le Sénat reconnaît à son tour la répression du 17 octobre 1961» titre le quotidien Libération qui rappelle que ce vote intervient une semaine après la déclaration de Hollande qui rompait avec le déni d'Etat observé jusqu'à présent. Et de rappeler que la proposition de loi a été déposée par Pierre Laurent au nom du parti communiste français et que la résolution a été votée par 175 voix pour et 168 contre. Parmi les votes positifs, outre le groupe communiste, l'on note celui des socialistes et des écologistes. L'Humanité, quotidien engagé dans la reconnaissance des massacres commis durant la colonisation, a lui aussi repris la dépêche d'une agence de presse appuyée par des déclarations du rapporteur de la loi Pierre Laurent. «Ce qui s'est passé ce jour du 17 octobre 1961 n'était pas un évènement isolé survenu en un lieu et en un moment unique mais le paroxysme d'une politique de guerre coloniale symbolisée par la mise en place du préfet de police Maurice Papon et couverte voire encouragée par les plus hautes instances de l'Etat», a-t-il souligné. Pour sa part, le sénateur socialiste David Assouline a déploré que «cet épisode soit longtemps resté enfoui dans la mémoire collective». Le journal Le Parisien note pour sa part que le gouvernement a apporté son soutien à cette résolution, dont le sénateur Robert Hue qui a estimé qu'il était important de disposer «d'un lieu du souvenir à la mémoire des victimes, comme le propose la résolution». La sénatrice écologiste Esther Benbassa a renchéri en demandant «plus que l'érection d'un lieu de mémoire». «Notre devoir à nous, ici, est d'exiger que le 17 octobre 1961 trouve sa juste place dans l'histoire de notre pays.» Le Nouvel Observateur souligne que le gouvernement soutient cette proposition de loi et indique que selon le rapporteur de la loi, la requête des députés en ce qui concerne l'ouverture des archives aurait «le mérite de contribuer à faire la lumière sur les agissements de la France et de son armée dans les pays africains notamment». Demander à l'Algérie un travail similaire sur elle-même Ce dossier est loin de faire l'unanimité. L'UMP et les centristes ont voté contre, ce que souligne un article de la chaîne de télévision Public Sénat qui détaille les déclarations de certains sénateurs, dont Roger Karouchi, sénateur et ancien ministre. «Mettons en cause les responsabilités de ceux qui ont dérapé, mais pas celle de la République», a-t-il ainsi plaidé, ajoutant être toutefois «disposé à ce qu'on ouvre les archives». Yves Pozzo di Borgo, sénateur centriste, a déclaré qu'il n'était pas favorable à cette déclaration en l'état. Il a demandé en revanche une large concertation, «en associant l'Algérie», «pour trouver la route du pardon mutuel». L'Agence Sipa ajoute d'autres propos du centriste Borgo qui indique qu'«en aucun cas la Constitution ne nous donne compétence en matière d'Histoire. On ne saurait demander à la France la reconnaissance du 17 octobre 1961 sans demander à l'Algérie d'effectuer un travail similaire sur elle-même». Le sénateur a prôné la «réciprocité» pour apaiser les relations entre les deux pays. Il a par ailleurs évoqué les familles françaises et algériennes qui continuent à souffrir un demi-siècle après la guerre. «Il ne s'agit pas d'imposer une mémoire officielle», a rappelé Alain Vidalies, ministre délégué aux relations avec le Parlement, tout en précisant que le Sénat ne votait pas une loi mais une résolution qui n'a pas de valeur contraignante. Pour finir, Le Point indique que «le débat sur la reconnaissance de la répression du 17 octobre 1961 comme l'examen du texte sur le 19 mars surviennent à quelques semaines d'un voyage de François Hollande en décembre en Algérie au cours duquel la France souhaite conclure un «partenariat stratégique».