Décidément, les vieux démons sont de retour au CRB. Accroché samedi sur son terrain du 20-Août face à une étonnante formation du Mouloudia d'El Eulma (1-1), le grand club de Belouizdad est entré dans une crise aiguë qui ébranle déjà sa stabilité. Conspués par leur trop exigeant public à l'issue de cette nouvelle contre-performance à domicile, les joueurs du Chabab ont décidé de réagir à leur manière en décrétant une grève à partir d'aujourd'hui, date de la reprise des entraînements. En fait, les camarades du capitaine Karim Maâmeri réclament le paiement de leurs dernières mensualités. Lassés des nombreuses promesses non tenues par le président Azzedine Gana, ils ont décidé de passer directement à l'acte pour mettre le staff dirigeant du club devant ses responsabilités. «Nous en avons marre des fausses promesses de Gana. Les supporteurs nous insultent alors qu'en vérité nous n'avons pas été payés depuis plusieurs mois. Certains joueurs n'ont pas perçu le moindre sou depuis le début de la préparation. C'est une situation insupportable pour le groupe. La direction du club n'a pas traité ce problème avec sérieux. C'est pourquoi nous avons décidé après le match d'El Eulma de faire grève afin de mettre les dirigeants devant leurs responsabilités et advienne que pourra», nous a confié hier un joueur du CRB qui a préféré garder l'anonymat. Lefkir a-t-il déstabilisé le groupe ? Les signes avant-coureurs de la crise au CRB étaient déjà apparus quelques jours avant ce match ou la rumeur d'un putsch anti-Gana avait bouleversé le tout Belcourt. Déjà privés d'un entraîneur en chef consécutivement au départ de Gougulielmo Arena limogé suite à une série de mauvais résultats, les joueurs du Chabab passaient plus leur temps à scruter ce qui se tramait dans les coulisses de leur club que de se concentrer sur leur match. L'annonce du retour de Mohamed Lefkir aux commandes du CRB semble même les avoir déstabilisés, a fortiori lorsque l'ancien président des Rouge et Blanc leur avait rendu visite dans les vestiaires avant le coup d'envoi du match pour les motiver. La preuve, le même joueur qui a requis l'anonymat nous confiera que lui et ses coéquipiers se demandaient sur place si Lefkir comptait réellement reprendre le club au moment où ce dernier assurait à tous les journalistes présents au stade s'être déplacé au 20-Août en tant que simple supporteur. «On ne comprend rien à cette histoire», nous dira notre interlocuteur. En tout cas, cette apparition de Lefkir au 20-Août ne semble pas avoir eu l'effet escompté puisque c'est un onze belouizdadi totalement méconnaissable qui a donné la réplique au MCEE. Pourtant une victoire du CRB aurait pu permettre aux coéquipiers de Amar Ammour de grimper à la quatrième place du classement. Mais visiblement la tête ailleurs, ils se sont montrés incapables de prendre la mesure de leur adversaire malgré l'ouverture du score par Hamiti peu avant la pause. Nettement supérieurs en deuxième mi-temps, les gars des hauts plateaux ont réussi à rétablir logiquement la marque en ratant même dans les dernières minutes du match une victoire qui aurait pu être amplement méritée. Amrani ne viendra pas Annoncé avec certitude pour remplacer au pied levé l'Italo-suisse Arena, Abdelkader Amrani n'entraînera pas le CRB. L'ex-coach du Widad de Tlemcen a paradoxalement fait les frais de la cacophonie qui s'est installée au Chabab puisque sa présence au stade du 20-Août n'a fait que mettre le feu aux poudres. En effet, une grande partie du public du CRB a désavoué avant même le coup d'envoi du match l'éventuelle nomination de Amrani comme nouveau coach du CRB. Ce dernier qui a été invité par Gana pour superviser ce qui allait être sa nouvelle équipe a été sommé, par les ultras du Chabab, de plier bagages. «C'est vraiment regrettable de la part de supporters auxquels je voue un grand respect. Moi, en tant que professionnel, je n'avais rien à voir dans leur conflit avec les dirigeants, mais je me suis retrouvé, malgré moi, mêlé à cette histoire. J'ai donc pris la décision de rentrer chez moi», a déclaré, déçu, Amrani à l'APS tout en se rétractant : d'entraîner le CRB : «J'étais sur le point de m'engager avec ce club, après avoir trouvé un terrain d'entente avec ses dirigeants, mais j'ai constaté qu'il était impossible de travailler dans un environnement aussi instable, vu la montée au créneau des supporters qui, apparemment, ne sont plus en odeur de sainteté avec les dirigeants», a-t-il ajouté. Quoi qu'il en soit, la situation chaotique qui couve actuellement au CRB risque d'atteindre un point culminant ces jours-ci avec l'annonce de la grève faite par les joueurs, ce qui livre déjà le prestigieux club belouizdadi à des lendemains incertains.