Le Front Polisario a appelé mardi le Conseil de sécurité de l'ONU, à la veille de la tenue d'une séance d'information consacrée au dossier du Sahara occidental, à prendre les mesures nécessaires pour relancer le processus de négociations entre les Sahraouis et la partie marocaine. Dans sa lettre adressée au président du Conseil de sécurité en prévision de cette audition, le représentant du Front Polisario à l'ONU, M. Ahmed Boukhari, a souligné qu'il était "essentiel que le Conseil de sécurité prenne des mesures décisives pour relancer et conduire le processus de négociations à une conclusion rapide qui permette l'autodétermination du peuple sahraoui". "Ces derniers mois, les membres du Conseil de sécurité ont, à plusieurs reprises, exprimé leur soutien à la transition politique reflétant les principes démocratiques et le respect des droits de l'homme au Moyen-Orient et en Afrique du Nord", a-t-il observé. Il a estimé que ces événements ont démontré que toute solution au conflit du Sahara occidental doit "refléter la volonté de son peuple pour assurer une paix crédible et durable et une sécurité et intégration régionales dans le long terme". Evoquant les consultations menées par M. Ross lors de sa tournée dans la région du 27 octobre au 15 novembre, le Représentant du Front Polisario a rappelé qu'elles intervenaient suite à "plusieurs mois de retard regrettable dans le processus de paix. Il a relevé que ce retard a été "provoqué de force par une campagne sans précédent menée par le Maroc afin de miner les efforts des Nations Unies pour résoudre le conflit". A ce propos, il a observé que ces actions menées par le Maroc, actuellement membre non permanent du Conseil de sécurité, allaient "en contradiction avec son propre vote en faveur de la résolution 2044 du Conseil, qui a explicitement affirmé son soutien a M. Ross pour faciliter les négociations entre les parties au conflit". Cette attitude du Maroc, a-t-il poursuivi, "a eu pour fâcheuse conséquence d'un report, non seulement, de deux séries de pourparlers informels prévus pour juin et juillet derniers, mais aussi de la visite de M. Ross au Sahara occidental et dans la région initialement prévue pour mai dernier". Pourtant, dans ses résolutions 1920 (2010), 1979 (2011) et 2044 (2012), le Conseil avait reconnu que "le statu quo au Sahara occidental est inacceptable", et a appelé "à un rythme intensifié des réunions et au renforcement des contacts'' entre les deux parties au conflit, a relevé M. Boukhari. Il a néanmoins, estimé, dans sa lettre au président du Conseil de sécurité, qu' en dépit des agissements non-constructifs et perturbateurs du Maroc, et à la suite de la toute première visite de M. Ross au Sahara occidental et de ses réunions dans les capitales régionales et européennes, "les prochaines consultations du Conseil sont l'occasion de rompre avec les 21 dernières années de retards et d'obstruction". Il s'agit aussi, selon lui, d'"inverser l'échec international en intervenant rapidement et de manière décisive à organiser un référendum qui, une fois pour toutes, permettra au peuple sahraoui de choisir son propre avenir politique". M. Boukhari a rappelé que toutes les résolutions de l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité ainsi que la Cour internationale de justice affirment qu' "il n'existe pas de faits, juridiques ou autres, qui affectent le droit inaliénable du peuple du territoire non autonome du Sahara occidental au processus d'autodétermination, qui constitue l'expression libre et authentique de la volonté politique". "Le Front Polisario tient à confirmer sa volonté d'envisager des approches pour intensifier et accélérer les négociations au plus haut niveau", a-t-il avancé, estimant qu'une telle approche, "devrait être renforcée par l'inclusion d'un calendrier précis et une date limite pour la tenue d'un référendum". Il a également rappelé que le Secrétaire général de l'ONU a lui-même noté dans son rapport de 2011 sur la situation au Sahara occidental qu'"un aboutissement à un statut final où la population sahraouie n'aura pas exprimé clairement et de manière convaincante son point de vue, est susceptible d'engendrer de nouvelles tensions au Sahara occidental et dans la région." M. Boukhari a considéré, en outre, que la crédibilité du Conseil de sécurité et, généralement, du système des Nations Unies, était "entachée" du fait que la MINURSO continue d'être la seule opération de maintien de paix qui fonctionne sans le mécanisme des droits de l'homme. Le représentant sahraoui a, par la même occasion, attiré l'attention sur "l'exploration et l'exploitation illégale" en cours des ressources naturelles du Sahara Occidental. A ce propos, il a tenu à exprimer la préoccupation du Front Polisario quant aux démarches de l'Union européenne et du Maroc pour renouveler les modalités prévues par leur accord de partenariat de pêche (APP) de 2005 dans la mesure où ces dispositions sont appliquées aux eaux adjacentes à la côte du Sahara occidental. "Nous appelons le Maroc et l'ensemble des entités étrangères à mettre fin à l'exploitation illégale des ressources du Sahara Occidental et à s'abstenir de conclure tout accord qui violerait la souveraineté permanente du peuple sahraoui sur ses ressources naturelles", a-t-il insisté. Dans sa lettre, M. Boukhari a tenu à réaffirmer "l'engagement du Front Polisario à promouvoir des relations pacifiques et la stabilité dans la région du Maghreb". A cet égard, il a souligné que "la détérioration de la sécurité dans le Sahel et l'instabilité politique au Mali constituent une source de grave préoccupation". "Le Front Polisario réaffirme son soutien aux efforts déployés par la communauté internationale, y compris par l'ONU et l'Union africaine, pour rétablir la paix et la stabilité au Mali", a-t-il affirmé. Il a considéré que ces nouvelles préoccupations dans la région "renforcent la nécessité pour l'ONU de faire tout son possible pour trouver une solution pacifique au conflit du Sahara occidental, qui continue de constituer un obstacle fondamental à une plus grande coopération et stabilité dans la région". L'Assemblée générale de l'ONU votera en début décembre prochain la résolution adoptée en octobre dernier par la 4ème Commission de l'ONU chargée des questions de décolonisation, qui avait réaffirmé "le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental", rappelle-t-on.