Si sur le terrain, les citoyens, les jeunes plus particulièrement, accordent peu d'intérêt aux élections locales, sur la toile par contre, les réseaux sociaux, à leur tête Facebook, le plus utilisé en Algérie, ces jeunes redoublent d'ingéniosité pour tourner en dérision les candidats via des «posts», des vidéos Youtube ou encore des caricatures. Véritable espace d'expression et «melting-pot» d'anecdotes, aussi originales que loufoques, Facebook constitue pour ces jeunes une aubaine. Même si plusieurs partis politiques l'ont utilisé pour louer les vertus de leurs candidats en y apposant affiches, slogans et autres comptes rendus des meetings et sorties de campagnes, les commentaires des jeunes «facebookistes», descendant en flammes «ces nuls» qui jouent, pour certains, «les premiers rôles» et pour d'autres font de la figuration dans «le carnaval fi dechra», écrivent les facebookistes, allusion au film culte de Othmane Ariouet, sont bien plus expressifs, réalistes et qui prêtent sincèrement à se dilater la rate. C'est le cas de cette internaute qui écrit sur son mur : «Botanique et élections : première mondiale, après avoir croisé quelques vertébrés candidats aux élections, je signale à National Geographic, cet hibiscus qui se présente sur une liste à Alger...». Les affiches des candidats sont ainsi commentées comme étant des listes des «heureux lauréats de la bassesse», des candidats présentés comme des «lèche-bottes», «des ogres qui sentent bien l'odeur du pétrole» ou encore «des champions de la m…». D'autres internautes ont diffusé durant toute la campagne électorale des vidéos agrémentées de textes de chansons «spécial élection» où le génie «poétique» de ces jeunes n'a rien à envier aux chanteurs dits populaires. D'autres commentaires, «plus sérieux» qualifient ce «carnaval» de «honteux», appelant à l'arrêt du «massacre», tout en dénonçant «les fausses promesses et les discours mensongers». «Arrêtez de nous prendre pour des ignorants», écrit un internaute qui commente une affiche d'un parti politique partagée sur Facebook. Amine, 17 ans, écrit ceci : «Les opportunistes ne peuvent lutter ni sur le terrain ni sur Facebook. C'est des manipulateurs mais ils sont souvent démasqués à force de vouloir trop mentir.» D'autres internautes ont préféré «confectionner» leurs propres listes avec des visages de malades mentaux, ou encore d'animaux, auxquels sont attribués des fonctions telles «ma qra ma chaf (ne sait ni lire ni écrire), diplôme : première année primaire, chef d'entreprise pour ridiculiser les candidats. Il est certain que la toile est un véritable défouloir et les élections en constituent l'occasion idoine.