Le Net s'invite aux élections Le scrutin électoral a réussi à gagner la Toile. Les jeunes se lâchent sur la Toile. Convaincus ou pas? Les jeunes s'expriment sans ambages à propos des élections législatives. À la veille du scrutin et après trois semaines de campagne, c'est donc l'heure du bilan! Que feront demain les dz- blogueurs? Vont-ils voter ou s'abstenir? Mais surtout qu'ont-ils pensé de cette campagne électorale? Nous avons mené notre petite enquête via Facebook. Le premier constat fait par les internautes est incontestablement la faiblesse du niveau de cette campagne. «Les campagnes de ce scrutin législatif ont été d'une médiocrité inégale», fait remarquer Kahina, jeune cadre dans une société privée de télécommunications et qui dit avoir suivi attentivement le déroulement de cette campagne grâce à Internet. «Je pense que le pays n'est jamais tombé aussi bas que ce carnaval fi dechera» (dans le village)», rétorque la jeune fille. Un constat alarmant qui est partagé par la majorité des personnes «virtuellement» interrogées. «Grâce au Net on réussit à voir le résumé de la journée de campagne et surtout voir les candidats à l'oeuvre. Et on peut dire qu'ils se sont surpassés dans le ridicule», estime pour sa part Adel. «Je ne sais pas si le niveau a toujours été aussi faible, et donc ce sont les masques qui sont tombés grâce aux nouvelles technologies qui nous permettent de suivre les détails de cette campagne ou cette médiocrité est une exclusivité 2012?», s'interroge le même jeune. «En tout cas, heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon il ne resterait plus aucun candidat...», ajoute-t-il avec ironie. La responsabilité de cette «médiocrité», les internautes l'imputent aux nouveaux partis politiques! «Ce scrutin 2012 nous a au moins permis de voir les choses telles qu'elles sont réellement: à part les grands partis(RND, FLN, FFS, RCD, MSP), les autres ce n'est que de la poudre aux yeux», assure Mohand. «La plupart de ces nouveaux partis ont montré qu'ils ne cherchent qu'à accéder au pouvoir, ce qui excède la population», poursuit-il. «Pff, les nouveaux partis c'est du n'importe quoi, on a vu leur niveau, ben mon vieux, si cela passe, elle sera bien belle notre Assemblée constituante!», peste Abdenour qui se demande d'où ces partis ont «déniché» ces candidats. «On voit leurs vidéos qui font fureur sur la Toile, ils ne sont même pas capables de lire leur programme, alors l'appliquer... C'est une autre paire de manches», affirme-t-il. «En y réfléchissant bien, je me demande si l'agrément de partis d'une telle médiocrité n'est pas voulu!» s'interroge sur son mur Facebook, Fadia, après avoir publié une vidéo retraçant les «râteaux» de cette campagne électorale. «Je pense que c'est un moyen d'ancrer en nous, la fausse idée, que sans les partis historiques, l'Algérie ne peut pas aller loin...!» commente cette vidéo. «Oui, je rejoins ton idée. Mais ce qui me désole c'est qu'à cause de ces opportunistes on ne peut aspirer au changement. Il nous reste donc comme solution que de voter pour les 'anciens'' et espérer qu'ils changent», répond un de ses amis Facebook à son commentaire. Alliance verte, RNDles plus convaincants Les jeunes «blogueurs» expriment donc leur dégoût par rapport au niveau de la campagne électorale. Ne sont-ils donc nullement convaincus par ces élections? «Si, si mais pas par les nouveaux partis», nous répondra la majorité de ces jeunes internautes. «Les partis qui se sont illustrés lors de cette campagne sont l'Alliance verte et le RND», attestent ces jeunes «geeks». Tous les projecteurs ont été braqués sur ces deux partis aux directions différentes. Le ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, est celui qui s'est fait le plus remarquer, non seulement sur le terrain, avec son travail de proximité, mais aussi sur la Toile. «Bien que le parti dont il défend les couleurs est réputé pour des tendances islamistes, le candidat Ghoul a attiré par sa simplicité même les jeunes qui prônent la laïcité», souligne Chérif. Voyant l'impact de la «campagne Internet» de l'Alliance verte, le RND est passé à l'offensive. «C'est d'ailleurs le seul parti qui a réussi à résister», avoue Cherif qui dit être sympathisant d'un autre parti, «mais il ne faut pas se voiler la face. Il faut dire les choses telles qu'elles sont». Pour le RND, ce n'est pas un seul homme qui s'est fait remarquer, mais «toute une équipe, c'est-à-dire tout le parti», atteste-t-il, lui qui dit avoir suivi à la loupe la «campagne Net». Selon Cherif, les hommes qui se sont fait remarquer au RND sont tout d'abord le secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia, dans les déclarations qu'il a faites lors des meetings et reprises partout sur la Toile. Toutefois, les hommes qui ont mené l'offensive du RND sont «Abdeslem Bouchouareb, Seddik Chihab qui sont très pressentis avec leurs pages Facebook», rapporte Safia qui, elle, est à 100% RND. «Les pages facebook de la jeunesse RND de chaque wilaya nous ont aussi aidés dans cette bataille du Net», certifie-t-elle. «Il y a aussi les jeunes de Djelfa qui mènent une campagne sans relâche pour soutenir Cherif Rahmani qui est tête de liste dans leur wilaya», réplique-t-elle. L'Alliance verte et le RND veulent donc, avant tout, gagner l'intérêt des jeunes, la génération Internet qui a grandi avec Internet et ne conçoit pas la vie sans ce média. FLN, FFS par tradition Cette population est traditionnellement résistante au marketing traditionnel. Ils ont donc impliqué ces jeunes en suscitant leur engagement à très grande échelle. Les partis en question ont permis à la population de s'impliquer. Tout le monde peut faire partie de l'équipe de campagne. Grâce à l'Internet le succès est partagé mais aussi les basses tâches de la campagne électorale. Les deux autres grands partis, à savoir le FLN et le FFS, ont-ils perdu la bataille du Net? «Oui, c'est indéniable, ces deux partis n'ont pas su tirer leur épingle du jeu devant la bataille que se livrent l'Alliance verte et le RND», répond Hakim. Alors les voix des jeunes sont perdues. «Non du tout! Il y a beaucoup de jeunes qui votent pour ces deux partis historiques par tradition familiale», témoigne-t-il en connaissance de cause puisqu'il fait partie de cette catégorie. «Je suis FLN dans le sang, mon père a toujours été militant FLN, mon grand-père aussi, je ne me vois donc pas voter pour un autre parti malgré le fait que la tournure qu'il a prise ces derniers temps ne m'enchante guère», explique-t-il. Cette tradition familiale est aussi la raison qui pousse Idir à voter pour le FFS. «Je vais voter pour ce parti mais sans conviction», admet-il. «J'ai grandi avec les idées du FFS, c'est pour cela que je vais voter pour ce parti», témoigne-t-il. «Mais je suis très déçu par la campagne qu'il a menée. Je suis d'Alger et je n'ai pas entendu ni aperçu les portraits des candidats. Seul «Da «El Hocine et Ali Laskri sont visibles. Je ne connais aucun candidat», déplore- t-il. Et les autres partis alors? Mis à part un ou deux nouveaux partis, les jeunes interrogés ne connaissent aucun d'eux. «Jil El Djadid et le Parti des jeunes ont plus ou moins réussi à se faire une petite place au soleil sur la Toile», révèle Hakim. «Djilali Sofiane est un outsider dont le parti peut créer la surprise», prédit-il. Sa vidéo «stratégie économique algérienne», le montrant dans un débat sur Canal Algérie, «le moins que l'on puisse dire, crée le buzz», rapporte-t-il. En effet, cette vidéo a été visionnée des milliers de fois et partagée tout autant. Les commentaires élogieux par rapport à cette vidéo ont fusé de partout. C'est aussi le cas du Parti des jeunes où le tête de liste dans la wilaya de Boumerdès, Wahid Tchatchi, s'est fait connaître grâce à ses montages vidéo, ses phrases cultes et sa page Facebook qui ont dépassé les frontières de la wilaya, même celles du pays! Concernant les autres partis, leurs candidats ont surtout fait le «buzz» pour les mauvaises raisons... «C'est surtout par rapport à leur platitude qu'ils se sont fait connaître», certifie Salima. Voilà donc que les législatives 2012 ont réussi à intéresser les jeunes, même si ce n'est pas que par le côté positif des choses. En tout cas, la politique a gagné leur terrain de jeu, le Net. Reste maintenant à savoir si leurs votes ne resteront pas virtuels...