C'est la guerre de positions au nord du Mali entre le mouvement Ançar Eddine et Al Qaïda au Maghreb islamique. Après la décision prise par le mouvement d'Iyad Ag Ghaly, leader d'Ançar Eddine, de déployer ses troupes à Tombouctou, Gao et Ménaka, villes du nord du Mali, Aqmi vient de décider de créer une sixième katiba (phalange) au nord malien. Elle fait carrément dans la provocation vis-à-vis d'Ançar Eddine en nommant à la tête de cette nouvelle katiba, baptisée Youssef Ben Tachfine, un Touareg présenté comme étant originaire de Kidal, fief d'Ançar Eddine. Il s'agit d'un certain Abou Abdelhamid El Kidali. La provocation est encore plus claire quand Aqmi annonce que les activités de cette nouvelle phalange s'étendront jusqu'à Kidal, la chaîne montagneuse Taghit Gharim s'étendant jusqu'aux frontières algériennes où Al Qaïda au Maghreb islamique a, selon un média proche de cette organisation terroriste et de l'autre organisation terroriste, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), établi des positions fortifiées. Ançar Eddine dont le fief se trouve à Kidal avait, rappelle-t-on, annoncé il y a quelques jours, par le biais de l'un de ses dirigeants, Cheikh Awisa, dans un entretien accordé à notre journal, le déploiement de troupes de ce mouvement à Tombouctou, Gao et Ménaka où ont eu lieu, le 16 novembre 2012, des affrontements armés entre le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et le Mujao. Aqmi avait, rappelle-t-on encore, dépêché des renforts pour soutenir le Mujao dans ses combats. Aqmi cible l'Algérie Aqmi a donc riposté en annonçant la création d'une sixième katiba et le déploiement de ses troupes jusqu'à Kidal, fief d'Ançar Eddine. La même phalange cible l'Algérie puisque ses activités s'étendront jusqu'au massif montagneux de Taghit Gharim menant aux frontières algériennes. La création de cette phalange par Aqmi a un autre but, celui «d'enrôler» le maximum de djihadistes sur ce périmètre en perspective d'une éventuelle intervention militaire étrangère au nord du Mali. Pour rappel, Aqmi avait, quelques jours auparavant, désigné le Mauritanien Mohamed El Amine Ould El Hocine Ould El Khodromi à la tête de la phalange El Forkane. La désignation illustre la montée en force des djihadistes mauritaniens au sein d'Al Qaïda au Maghreb islamique, de plus en plus nombreux à être désignés comme «émirs», selon un média mauritanien proche d'Aqmi et du Mujao. Quant à Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès, évincé récemment d'Aqmi, il a lancé un appel pour «le dialogue entre groupes armés». Le but étant, probablement, d'éviter des confrontations entre le MNLA et Ançar Eddine d'un côté, et Aqmi et Mujao de l'autre. «Je prône le dialogue malgré les différences d'ordre idéologique entre les groupes armés se trouvant au nord du Mali», a-t-il déclaré au journal mauritanien Al Akhbar. Quant à Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaaâb Abdelouadoud, «émir» national d'Aqmi, il a, dans un enregistrement audiovisuel diffusé il y a quelques jours, menacé la France en cas d'intervention militaire étrangère au nord du Mali. Il faut rappeler que le MNLA et Ançar Eddine ont exprimé leur adhésion aux négociations devant aboutir à une solution pacifique à la crise du Mali, rejetant l'extrémisme et le terrorisme.