C'est une infrastructure qui dispose de 226 locaux. Jusqu'à hier matin, seuls 55 sont exploités, en sous-location, notamment par des femmes. Le loyer était de 6000 DA/mois depuis 2002. Le 15 mars 2008, il est tombé à 1500 DA/mois.C'est au moment où le chômage bat son plein que l'APC de Bab El Oued se permet de laisser vide le centre commercial Saïd Touati de Triolet. Au moment où les rues des Trois horloges sont complètement occupées par les trabendistes, les allées du centre commercial sont silencieuses. Faute de servir d'un lieu de négoce, la structure a été transformée en urinoir. Les signes d'abandon sont partout. A l'entrée du centre, en venant du côté de Climat de France (Oued Koriche), les rares visiteurs qui s'y rendent sont accueillis par des odeurs d'urine. A l'entrée, le centre a été doté de 59 carreaux aménagés de manière à les rendre exploitables pour le commerce des fruits et légumes. Or les carreaux sont inoccupés. Une bonne partie de la bâtisse est sans toit, ce qui favorise la stagnation des eaux pluviales. Ce laisser-aller ne date pas d'hier. «Cela dure depuis 7 ans», rappelle le représentant de la Régie foncière de la ville d'Alger (RFVA) qui «gère» le milieu. «Les carreaux n'ont jamais été exploités pour la simple raison que les bénéficiaires ont été mis devant le fait accompli», explique le représentant de la RFVA. Selon lui, le marché a été aménagé pour recaser les commerçants de Triolet dont les échoppes ont été emportées par les inondations de Bab El Oued d'octobre 2001. La wilaya, à l'époque, avait attribué ces carreaux à des commerçants qui travaillaient dans l'habillement. Le projet est ainsi tombé à l'eau. Un cercle vicieux L'absence d'exploitation ne se limite pas aux 59 carreaux. En fait, le marché dispose en tout de 226 locaux. Jusqu'à hier matin, seules 55 boutiques sont exploitées, en sous-location, notamment par des femmes, explique l'administrateur. La structure a été créée au sein d'un parking à étages. Elle occupe deux niveaux avec 4 rangées de boutiques d'une superficie de 2,8 m⊃2; chacune, dans chaque étages. Dans les couloirs, il fait noir. «Sonelgaz a procédé à la coupure du courant électrique, il y a de cela 15 à 18 mois», affirme un artisan qui confectionne des chaussures sur mesure. Pour éclairer leurs locaux, les exploitants ont procédé à des branchements illicites depuis les bâtiments environnants. L'administrateur confirme que «l'ancien gérant du centre n'a pas payé la facture qui s'élève à 360 000 DA parce que les bénéficiaires ne payaient pas leurs loyers : ils estimaient qu'il était anormal de faire partager équitablement cette charge à un commerçant qui allumait une lampe et un artisan qui mettait en marche des machines à coudre». En somme, c'est un cercle vicieux. Pour rétablir le courant, une solution plus logique a été préconisée, à savoir le placement des compteurs individuels. «Nous sommes entrés en contact avec Sonelgaz qui nous a remis une devis de 1,74 million DA pour les besoins de l'opération», révèle l'administrateur. Le projet a été abandonné en cours de route. Les locataires ont refusé de participer au montage financier à hauteur de 15 000 DA par personne. Le même refus a été affiché quand il fallait s'acquitter de l'arriéré du loyer. Celui-ci, rappelle le représentant de la RFVA, était de 6000 DA/mois depuis 2002 (depuis d'exploitation). A partir du 15 mars 2008, il est tombé à 1500 DA/mois. «Nous avons voulu les encourager. Ils ne sont pas venus exploiter leurs locaux et, dans la plupart des cas, ils ne se sont pas présentés pour régler leurs dettes», indique-t-on. C'est à ce niveau qu'intervient le laxisme des services de l'Etat envers les commerçants qui n'habitent pas nécessairement à Bab El Oued (il y a même ceux qui sont originaires, à cause d'un changement d'ardesse, de Réghaïa, Mohammadia, Kouba, Birkhadem…). Pourquoi la wilaya ne déchoit pas les bénéficiaires de leurs locaux ? Aucune réponse valable n'a été avancée par l'organisme en charge de la gestion. On se contente de rappeler que les concernés ont signé, au début, des contrats pour une durée de 10 ans avec le premier gérant, l'EGCTU (Etablissement de gestion de la circulation et du transport urbains), qui n'a rien à voir avec l'activité commerciale. «Il faut lancer des mises en demeure afin de récupérer ces locaux et les réaffecter», souhaite l'administrateur. Comble de l'ironie, l'APC de Bab El Oued a fait aménager, dans les limites du centre commercial, quelque 50 locaux, dont 30 carreaux destinés au négoce des fruits et légumes !