Une des rares structures dédiées aux métiers d'arts, la Maison de l'artisanat de Oued Koriche, se débat actuellement dans des problèmes de gestion et d'exploitation. Les loyers (20 000 DA/mois) sont très élevés par rapport à ceux appliqués dans d'autres structures similaires (3000 DA/mois à Sidi Fredj). L'établissement dépend de la wilaya, alors que les locataires demandent à ce qu'ils soient rattachés à la chambre de l'artisanat et des métiers, comme cela a été décidé dans un texte de loi récent. La Maison de l'artisanat, de la commune de Oued Koriche, a organisé, entre le 1er et le 10 novembre, «des portes ouvertes sur les métiers d'arts». Les locataires de l'établissement ont profité de la célébration de la date du 1er novembre et celle du 9 novembre (Journée nationale de l'artisanat) pour mettre en valeur leurs produits, mais surtout pour attirer des visiteurs, voire des clients. Comme l'arbre ne cache pas la forêt, ces journées portes ouvertes n'ont pas pu faire passer sous silence tous les soucis de gestion dans lesquels se débat cette infrastructure. Officiellement inaugurée par le président de la République le 8 avril 2006, la Maison de l'artisanat était avant un ancien hangar appartenant à l'Etusa. Le hangar a été récupéré et aménagé pour en faire une infrastructure dédiée aux métiers de l'art et baptisée Frères Méziani, Mohamed, Hocine. «La construction, il faut le dire, est un bijou !», estime un élu de l'APC de Oued Koriche. Le bâtiment était en exploitation trois mois avant son inauguration. En tout, il dispose de dix-huit ateliers. Depuis son ouverture, la Maison de l'artisanat fait travailler dix-huit artisans ainsi que des stagiaires, pour la plupart des jeunes de la commune d'implantation. «Chaque locataire est conscient de l'intérêt que chacun a dans la préservation de cet espace. Si nous baissons la garde, il sera sûrement transformé en commerce d'habillement», affirme un artisan. Cette solidarité entre professionnels est toutefois mise à rude épreuve par les gestionnaires. L'endroit est un bien de la wilaya. Il dépend directement de la Régie foncière de la ville d'Alger (RFVA), un établissement public à caractère industriel et commercial. «Pour toute gestion, la RFVA se contente de percevoir les loyers et engager un gardien, sans plus», fait-on remarquer. Et c'est à propos des loyers que les locataires crient à la désorganisation. En fait, chacun des locataires est tenu de verser la somme de 20 000 DA par mois. «C'est un loyer exagéré. Nous demandons à ce qu'il soit ramené à 6000 DA», affirme un autre professionnel. L'APC soutient les locataires dans leur revendication pour une raison simple. «Il y a d'autres infrastructures similaires dans la capitale, comme à Sidi Fredj, où les locataires paient un loyer de 3000 DA par mois. Il n'y a pas de raison pour que les artisans de la Maison de l'artisanat de Oued Koriche soient traités différemment», avance un élu. Les locataires ont écrit et pris attache avec la direction de la RFVA pour cette question. La réponse était sans appel : «Nous sommes un établissement qui est comptable devant la wilaya, il est censé engranger des bénéfices.» Une manière comme une autre de dire que la question dépasse les prérogatives de la RFVA et que c'est au cabinet de la wilaya ou à l'APW de se pencher dessus. Pour le moment, les artisans tentent de récupérer l'agent versé en guise de loyer sur les prix affichés des produits proposés à la vente. «Les gens se plaignent de la cherté de nos produits artisanaux. Mais c'est normal, vu la cherté de la matière première et le niveau exagéré des loyers», explique-t-on. Outre le problème de loyer, les artisans posent la question de la «filiation». A ce jour, la Maison de l'artisanat dépend administrativement de la wilaya. Les locataires demandent à ce qu'ils soient rattachés directement à la chambre de l'artisanat et des métiers. Pour appuyer cette demande, les artisans se réfèrent à un texte de loi : le décret exécutif 09-323 du 11 octobre 2009 modifiant et complétant le décret exécutif 97-100 du 29 mars 1997 «fixant l'organisation et le fonctionnement des chambres de l'artisanat et des métiers». A la faveur de ce nouveau décret, les chambres sont en effet tenues d'assurer la gestion des maisons de l'artisanat, les centrales d'achat et les centre de l'artisanat.