Les quelques milliers de supporteurs du CR Belouizdad qui ont assisté à la déroute de leurs favoris samedi face à l'USM El Harrach (2-4), ont quitté le stade du 20-Août à la fois choqués et soulagés. Choqués, parce que leur équipe venait de subir une des plus humiliantes défaites à domicile de son histoire. Soulagés, parce que sans son excellent gardien Ousserir, auteur d'une série de sauvetages miraculeux, le grand club de Laâqiba aurait pu vivre le même cauchemar ou peut-être pire que celui qu'il a fait subir à la JS Kabylie il y a deux saisons sur ce même terrain du 20-Août (7-1). Mais quatre buts, ça fait mal, très mal même, et ce n'est pas la réduction du score par deux fois par l'inusable Amar Ammour (son deuxième but fut un chef d'œuvre) qui va atténuer pour autant la déception des inconditionnels Rouge et Blanc qui n'ont rien compris à ce qui vient d'arriver à leur équipe. Certes, l'absence de Aksas, Abdat et Maâmeri, soit trois éléments importants au sein de la défense belcourtoise, a pesé lourd dans ce secteur névralgique comme le redoutait déjà à la veille du match l'entraîneur du CRB Fouad Bouali, mais cela ne justifie nullement l'incroyable fragilité du team belouizdadi qui est tombé sous les coups de boutoir de cette formidable équipe harrachie qui a développé un football à la «Playstation». En imposant d'emblée leur jeu, fait de circulation de ballon à une touche avec une terrible vitesse d'exécution, les jeunots de Boualem Charef ont donné tout simplement une leçon de football à leur voisin du jour. Et ce n'est pas par hasard que le connaisseur public du CRB a applaudi le récital offensif offert par les coéquipiers du virevoltant El Amali sur le terrain du vieil antre des Annassers. «C'est la première fois de ma vie que je vois le CRB se faire ridiculiser de la sorte. Mais il faut tout de même l'avouer, l'USMH pratique un football formidable. Ils nous ont battus en alliant l'art et la manière. Ils sont à féliciter pour cette belle victoire», a reconnu à la fin du match un mordu du CRB certes abattu par la cinglante défaite face au voisin harrachi mais qui n'a pas caché son admiration pour le bourreau du jour du Chabab. Bouali écrasé par son mentor L'élève n'a pas réussi à dépasser le maître. Fouad Bouali, dont c'était la troisième sortie en tant qu'entraîneur du CRB, fut sévèrement corrigé par son mentor Bouali Charef. Le driver du Chabab pensait contrecarrer son homologue harrachi en milieu de terrain en alignant trois récupérateurs (Anane, Mekehout et Angan) et deux milieux offensifs (Ammour e Rebih). Mais avec tout ce beau monde dans l'entre-jeu, le CRB a beau tenter presser son adversaire, celui-ci avait la mainmise sur le ballon en contrôlant tout ce qui se passait sur le terrain à la même façon ou presque comme le fait le Barça devant ses adversaires. Forte d'une possession du ballon qui aura certainement dépassé les 60%, la machine harrachie écrasa crescendo tout sur son passage. Profitant des incroyables brèches de la défense belouizdadie notamment sur le flanc droit où le jeune Kerras (un défenseur axial de prédilection) avait du mal à suivre le rythme infernal imposé par son alter ego Yaya, l'USMH a assommé le CRB en l'espace d'une minute grâce à deux buts inscrits coup sur coup par ces diables de Yaya et Bounedjah (17' et 18'). C'était le début d'une impressionnante démonstration de force des harrachis qui laissa pantois Bouali sur son banc de touche. Celui-ci a dû admirer en l'espace de 90 minutes la leçon tactique que lui a infligée son maître qui, lui, privilégia le jeu offensif au détriment du Catenacio choisi par le tlemcénien qui, pourtant, évoluait à domicile. El Harrach a ajouté «seulement» deux buts en deuxième période alors qu'elle avait la possibilité d'en marquer en moins quatre. Malgré ses 37 ans, Ammour a pu sauver l'honneur des siens en inscrivant un doublé dans le temps additionnel. C'était juste une petite consolation d'un CRB visiblement en pleine crise. De quoi ouvrir un autre cycle de nuits blanches aux supporteurs du CRB pour une autre période qui risque d'être longue cette fois. A Belouizdad, les voyants sont désormais au rouge.