Le président français François Hollande n'a pas emprunté des chemins détournés pour qualifier le partenariat français avec l'Algérie, relancé à l'occasion de sa visite, de «majeur», insistant sur la nécessité d'aller plus loin dans la coopération économique et globalement dans les rapports plus que jamais à décomplexer entre les deux pays «méditerranéens» qui ont tout à gagner pour peu qu'une «confiance» mutuelle s'installe dans la durée. Il soulignera d'ailleurs d'emblée, dans son allocution prononcée devant le forum économique algéro-français organisé jeudi dernier au Sheraton d'Alger, que «la France doit être au rendez-vous que l'Algérie lui a donné», indiquant qu'il faut de prime abord «orienter nos modèles de croissance» pour un «développement économique complémentaire». «Vu l'histoire, le présent, mais aussi la complémentarité entre les deux pays, tout conduit à ce que l'Algérie soit un partenaire majeur pour la France», a-t-il soutenu, soulignant la nécessité de «diversifier» la coopération entre les deux pays et la disponibilité des deux pouvoirs publics à traduire «en actes» tout ce qui allait être conclu entre les entrepreneurs français du Medef et algériens du Forum des chef d'entreprise (FCE), appelés à se revoir dès 2013 et dont il s'est félicité de l'initiative entreprise par les deux parties pour diversifier les échanges. Avant de clarifier toutefois : «Je veux ici être clair, la politique ne remplace pas l'économie (...) C'est pas parce qu'il y a un environnement plus favorable que les entreprises françaises auront un accès plus privilégié». Il souligne que «c'est la compétitivité, la performance et la qualité qui doivent être les signes de distinction». Mais pour rassurer les investisseurs français, classés premiers dans l'investissement hors hydrocarbures en Algérie et qui veulent profiter plus de l'embellie financière algérienne, dont il soulignera d'ailleurs l'importance, il «réclamera» des autorités algériennes l'assouplissement du climat des affaires qui doit se faire «rapidement». Il précisera à ce propos qu'il ne lui appartient pas de juger ce qui relève des autorités algériennes, c'est-à-dire le choix des investisseurs. Pour l'investissement, «il y a ce qui relève des autorités algériennes. Il ne m'appartient pas ici de juger ou de conseiller mais nous avons suffisamment de confiance entre nous pour savoir ce qu'attendent les entreprises en Algérie : une simplification (des procédures), une moindre réglementation et surtout une grande rapidité» dans le traitement des dossiers de l'investissement, a estimé François Hollande, avant d'ajouter, comme pour pousser la partie algérienne à accélérer les démarches et assouplir les procédures jusque-là jugées rigides : «On dit que le temps c'est de l'argent, c'est bien plus, le temps c'est de la croissance, alors nous devons tout faire pour faciliter les procédures.» Des procédures qui faciliteront ainsi la tâche aux entreprises françaises pour «élargir la gamme» de leurs investissements. «Nous devons encore élargir notre gamme. Je suis fier quand j'entends le président Bouteflika parler du métro d'Alger ou du secteur de l'eau et de l'assainissement, où les entreprises françaises ont réalisé des progrès mais je serais encore plus fier si des entreprises algériennes participaient à notre croissance et au développement en France», a-t-il dit, suggérant une certaine «réciprocité» dans l'investissement. Hollande affirme, par ailleurs, que «la France fera tout pour faciliter l'adhésion de l'Algérie à l'OMC», ce qui «renforcera les échanges entre les deux pays». L'Algérie, dont la bonne santé financière est soulignée, à travers le prêt accordé au FMI notamment, qu'il considère comme un «retournement de l'histoire», est aussi appelée à assumer des responsabilités «internationales». Son aisance financière «aide à apaiser les tensions» de par le monde, notera le chef de l'Etat français. Abdelmalek Sellal :«Nous nous attachons à améliorer le climat des affaires» Reconnaissant implicitement la détérioration du climat des affaires en Algérie, le Premier ministre Abdelmalek Sellal promettra aux Français de garantir la stabilité de la législation économique afin de sécuriser leurs investissements. «Nous nous attachons à améliorer le climat des affaires en prenant les mesures nécessaires de nature à lever les obstacles qui entravent, retardent ou rendent complexe l'acte d'investissement», a-t-il assuré lors du même Forum économique algéro-français. Sellal soulignera dans la foulée que l'Algérie, «aujourd'hui désendettée», œuvrera également à mettre sa législation économique et commerciale en conformité avec les normes universelles en prévision de sa prochaine adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Pour lui, le rétablissement de la paix «grâce à la politique de concorde civile et de réconciliation nationale» permet aujourd'hui au pays «d'envisager l'avenir avec optimisme et sérénité». «Les expériences douloureuses» que l'Algérie a vécues durant deux décennies «nous conduisent à rester lucides et à éviter de céder au piège de l'autosatisfaction», relève-t-il cependant, avant de plaider pour une «transition» qui implique «un plus grand rôle pour notre administration qui devra être renforcée en compétences humaines et en moyens matériels et technologiques». L'expertise extérieure dans le domaine du management paraît pour le chef de l'exécutif «absolument nécessaire». «C'est là l'un des domaines où le partenariat avec la France est grandement souhaité», reconnaît-il, affirmant que «l'Algérie a les moyens financiers et humains de réussir cette transition» car, explique le Premier ministre, «elle bénéficie d'un marché important, d'avantages comparatifs appréciables (coût de l'énergie, main-d'œuvre, etc.) Elle jouit également d'un niveau de sécurité appréciable des personnes et des biens, ainsi que d'une stabilité politique et sociale remarquable». Elle dispose aussi «d'un énorme potentiel économique sous-utilisé» et d'infrastructures «comparables, voire supérieures à celles de certains pays membres de l'Union européenne» qui permettent «d'envisager des investissements importants». «Le partenariat avec la France est pour nous l'un des instruments d'accompagnement et de concrétisation de cette transition à travers les sociétés mixtes, pour développer l'investissement, le partenariat, l'assistance technique, l'expertise», a affirmé le Premier ministre, tout en soulignant que «la réalisation de ces objectifs stratégiques exige que la coopération entre nos deux pays s'inscrive dans la durée, qu'elle soit diversifiée et qu'elle s'implique dans tous les secteurs d'activités sans aucune exclusive». Le Premier ministre, tout en relevant «les immenses complémentarités» qui caractérisent les deux économies algérienne et française, a tenu à conclure en rassurant «la communauté d'affaires», affirmant sa «ferme volonté» d'œuvrer à bâtir entre l'Algérie et la France «un partenariat exemplaire porteur d'espoir et de paix».