Le renforcement des relations entre l'Algérie et les Etats-Unis, qui avaient déjà pris de l'ampleur ces dernières années, a connu une impulsion particulièrement intense en 2012, illustrée notamment par l'instauration du Dialogue stratégique entre les deux pays pour un puissant essor dans le partenariat bilatéral. Ces rapports ont été, durant l'année 2012, densément chargés tant en termes de visites politiques et économiques de haut niveau que de concertations sur les questions régionales, tandis que des projets communs dans les secteurs industriel et de la santé ont vu le jour, même si les relations économiques restent encore en deçà des potentialités. La double visite effectuée en Algérie en une année par la secrétaire d'Etat, Mme Hillary Clinton, témoigne, incontestablement, d'une accélération de cette dynamique de rapprochement de plus en plus dense entre les deux pays, non seulement dans les relations bilatérales, mais aussi dans le cadre des consultations pour les dossiers de la région notamment du Sahel et du Mali. Outre la volonté du renforcement de la coopération entre les deux pays, la chef de la diplomatie de la première puissance mondiale avait clairement fait part, lors de ses visites à Alger, que les Etats-Unis "apprécient les réflexions et les opinions de l'Algérie sur les différents événements dans la région", tout en soutenant que son pays et l'Algérie entretiennent "un dialogue permanent dans tous les domaines" dans le cadre de relations "qui s'approfondissent et évoluent". En recevant à Washington le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, elle avait tenu à souligner clairement que les consultations bilatérales continues témoignaient "d'un grand hommage à l'excellente relation bilatérale'' entre les Etats-Unis et l'Algérie. Mme Clinton a également eu à s'exprimer sur les dernières élections législatives algériennes qui, avait-elle soutenu, "ont permis au peuple algérien d'avoir l'opportunité d'exprimer sa volonté", tout en considérant que ces élections et le nombre élevé de femmes élues constituaient "une étape dans le progrès de l'Algérie vers la réforme démocratique". Dans le sillage des visites croisées des chefs de la diplomatie des deux pays, plusieurs autres hauts responsables américains et algériens se sont rendus respectivement à Alger et à Washington pour imprimer une nouvelle étape qualitative dans les relations. La visite de Mme Clinton a ainsi été suivie de celles du secrétaire d'Etat adjoint, M. William Burns, du secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires économiques et commerciales M. José Fernandez, de la sous-secrétaire d'Etat à la diplomatie chargée des affaires publiques, Mme Stephens Kathleen, du chef du Commandement des Etats-Unis pour l'Afrique (AFRICOM), M. Carter Ham, et du sous-secrétaire à la Défense pour le Renseignement, M. Michael G. Vickers. Dans le prolongement de la venue de M. Medelci dans la capitale fédérale américaine, plusieurs autres ministres s'y sont également rendus dont le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, où il avait rencontré le conseiller du président américain Barack Obama pour la sécurité nationale et la lutte contre le terrorisme, M. John Brennan. L'agenda des visites a également inscrit celle du ministre du Commerce, M. Mustapha Benbada, qui s'est réuni avec des responsables du département d'Etat et de celui du Commerce sur le processus de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, ainsi que la visite de l'ex ministre de la Santé, M. Djamel Ould Abbes, pour le projet du pôle biotechnologique de Sidi Abdallah. Les relations entre l'Algérie et les Etats-Unis ont pris une telle intensité que les dirigeants des deux pays ont décidé de les structurer dans un cadre formalisé et de conférer un caractère régulier aux concertations bilatérales, pour une meilleure organisation et visibilité des rapports entre les deux pays. C'est dans cet objectif que le Dialogue stratégique Algérie-USA a été établi et dont la première réunion s'était tenue, en octobre à Washington, au lendemain même de la 5ème session du Dialogue militaire conjoint algéro-américain. En présidant la réunion du Dialogue stratégique avec Mme Wendy Sherman, sous-secrétaire d'Etat aux Affaires politiques, M. Messahel avait qualifié ce nouveau cadre bilatéral de coopération et de partenariat comme un "nouveau jalon historique" dans les relations entre l'Algérie et les Etats-Unis. Sur la même longueur d'onde, Mme Sherman considéra le Dialogue stratégique comme "le fondement" sur lequel les Etats-Unis et l'Algérie ambitionnent la construction de leurs relations futures qui, avait-elle insisté, devront aller "au-delà du domaine traditionnel de la coopération sécuritaire" en renforçant les investissements, le commerce ainsi que la coopération dans les domaines culturel et de l'éducation. Sur ce plan, il a été d'ailleurs convenu de réactiver le Conseil algéro-américain sur le commerce et l'investissement (TIFA), mis en place suite à l'accord signé en 2001 à Washington, et dont la prochaine réunion devrait se tenir au cours du 1er semestre 2013 à Alger. En termes de concrétisation d'accords de partenariat, l'année 2012 a enregistré l'avancement du projet du pôle biotechnologique de Sidi Abdallah qui constitue l'un des plus importants accords scellés entre l'Algérie et les Etats-Unis dans le domaine de la santé. Ce complexe, dont la réalisation a été lancée en août dernier en présence du doyen de la faculté de médecine de l'université de Harvard, M. William Chin Waiman, relève du projet "Algeria vision 2020" dont la 5ème session du comité de pilotage algéro-américain s'est tenue en décembre. Ce projet consiste à créer en partenariat avec le gotha des laboratoires pharmaceutiques américains, un pôle d'excellence régional dans le domaine de la biotechnologie qui rayonnera sur l'Afrique et le Moyen Orient, à l'instar des trois autres pôles régionaux de Boston, du Singapour et d'Irlande. Dans le secteur industriel et dans le cadre de la politique initiée par les pouvoirs publics pour le redressement industriel national et la relance du secteur mécanique, un partenariat algéro-américain dans l'équipement agricole a été réalisé à travers la joint-venture "Algérian Tractors Company" regroupant deux entreprises algériennes et le groupe américain AGCO Massey-Ferguson pour la fabrication de tracteurs agricoles dont le premier était sorti d'usine tout récemment à Constantine. Les potentialités du partenariat algéro-américain impliquent également l'apport incontournable de la diaspora algérienne établie aux Etats-Unis, en faisant appel à ses compétences prouvées dans le domaine technologique notamment. C'est dans cet objectif qu'un forum regroupant des experts algériens de la Silicon Valley (Californie) a été organisé à Alger, avec lesquels plusieurs conventions sont prévues pour faciliter la création de "start-up" en Algérie par les jeunes diplômés dans le secteur des High-tech (hautes technologies) qui devront être "coachés" par les compétences algériennes établies aux Etats-Unis.