C'est officiel, Mohamed Raouraoua sera candidat à un nouveau mandat à la présidence de la Fédération algérienne de football. Le voile a donc été levé sur les intentions de celui qui va briguer pour la troisième fois le vote de la majorité des membres de l'assemblée générale de cette instance. «Je ne vous cache pas que mon souhait était de me retirer dès la fin du mandat actuel, a-t-il déclaré lors de la conférence de presse qu'il a animée hier matin. Mais je suis sollicité de partout. Même des gens dans la rue m'apostrophent pour me demander de ne pas m'en aller. Pour eux, si je venais à quitter la Fédération maintenant, tout ce qui a été entrepris risque de s'effondrer. Voilà pourquoi j'ai estimé qu'il était de mon devoir de me représenter pour un nouveau mandat. Tant que Dieu me prête vie et que mon état de santé me le permet, je continuerai à servir le football algérien.» Madjer pointé du doigt Le président de la FAF a, alors, évoqué ceux qui, par voie de presse, ont parlé de leur éventuelle candidature pour le même poste, notamment Rabah Madjer à qui il a reproché ses sorties médiatiques dans lesquelles il aurait fait état de blocages visant à l'empêcher de postuler pour la présidence de la FAF. «J'ai énormément de respect pour Madjer, a-t-il souligné. Je serais le premier enchanté à ce qu'il vienne présenter sa candidature. Du reste, c'est depuis le 1er décembre qu'on pouvait retirer son dossier de candidature mais à ce jour, personne ne s'est présenté au siège de la FAF pour le faire. Pour revenir à Madjer, qu'il vienne retirer ce dossier. Maintenant, il faut savoir que la FAF dispose de statuts élaborés selon des lois et des décrets qui n'ont pas été rédigés par Raouraoua. Chaque candidat doit obéir à des critères. Vous savez, je siège dans un certain nombre dans les comités exécutifs d'un certain nombre d'institutions internationales de football. Il ne se trouve pas un seul Algérien qui siège dans une des commissions de ces institutions qui n'a pas été placé par moi. C'est la même chose pour Madjer qui se retrouve dans la commission football de la Fifa. C'est à moi qu'il doit cette promotion et en fin de compte ses remerciements vont à Blatter et à Platini. Il n'a même pas eu le réflexe de remercier son pays et son compatriote car c'est bien grâce à eux qu'il siège aujourd'hui dans cette commission.» S'agissant d'une éventuelle candidature de sa part à la présidence de la CAF, Mohamed Raouraoua fera savoir qu'il siégeait dans cette institution en 1990, un an après que Issa Hayatou en est devenu le président. «Entre Issa Hayatou et moi, c'est une histoire d'amitié et de fraternité. Nous nous connaissons depuis si longtemps. Tant qu'il fera acte de candidature à un nouveau mandat, je ne me présenterai jamais contre lui.» Des joueurs payés pour ne pas jouer Le président de la FAF a eu, également, à parler de l'information donnant l'Algérie comme probable candidate à l'organisation de la CAN 2017. «Tout cela est faux. L'organisation de la CAN 2017 a été confiée depuis longtemps à la Libye et c'est bien ce pays qui va l'organiser. Pour ce qui est de l'Algérie, j'en ai parlé avec le ministre de la Jeunesse et des Sports et nous nous sommes entendus pour engager sa candidature pour l'édition de 2019. Ce sera au Maroc au mois de mars prochain, lors du Congrès de la CAF, qu'une décision sera prise à ce sujet.» S'agissant du professionnalisme, le président de la FAF s'en est pris aux clubs leur reprochant d'opérer des blocages pour empêcher d'éventuels investisseurs d'entrer dans le capital de SSPA. «Nous venons d'informer tous ces clubs de l'obligation d'ouvrir le capital de SSPA. On ne peut plus parler de capital de 1 million de dinars alors que le club en consomme des dizaines de millions. Il faut également harmoniser les salaires des joueurs. Nous sommes en train d'élaborer une grille des salaires qui servira de référence. Les dessous de table devront être bannis. Je suis en train de voir la fiche répertoriant les joueurs étrangers évoluant en Ligue 1. Ils sont au nombre de 25. Ces joueurs sont payés entre 500 000 et 1 800 000 dinars par mois. 8 d'entre eux n'ont jamais été alignés. 8 autres joueurs ont joué moins de 30% des matches. J'ajoute que dans la liste des joueurs locaux, il y a dans chaque club 4 à 5 joueurs qui n'ont jamais joué la moindre minute. Il y a, ici, une affaire de mauvaise gestion. J'ajoute que les clubs ont des arriérés avec la Cnas. Nous avons pu obtenir de celle-ci que les clubs paient ces arriérés par paliers grâce à la première tranche que l'Etat va leur verser au titre de fonds de roulement.» «Lorsque le professionnalisme a été lancé il y a trois ans maintenant, 32 clubs se sont engouffrés avec l'idée qu'ils allaient profiter de la manne financière promise par l'Etat. C'est tout ce qui les intéressait. La FAF n'avait pas autorité pour les empêcher de prendre le statut de professionnel. Mais je tiens à les avertir. Ce n'est pas parce qu'on s'est transformé en SSPA qu'on croit que tout est fini. Celui qui veut bénéficier de la licence professionnelle édictée par la Fifa et la CAF devra répondre aux dispositions du cahier des charges aussi bien celui de la FAF que celui du MJS. Il faudra que les apports de SSPA soient reconsidérés. On ne peut créer le capital d'une SSPA avec 1 million de dinars. C'est absolument ridicule. En plus de cela, on ne peut prétendre que le CSA doit, à lui seul, avoir 75% des actions. Les investisseurs doivent venir. Ils doivent faire comme Ali Haddad dont je salue ce qu'il apporte à l'USM Alger. Aujourd'hui, la plupart de nos clubs professionnels sont toujours dirigés par les anciens dirigeants des clubs amateurs. Ce n'est pas cela le professionnalisme. Celui-ci implique le recrutement de compétences dans divers domaines pour diriger le nouveau club. J'apprends que les dirigeants se plaignent du fait qu'il n'y a pas de sponsors. Ce n'est pas un problème de sponsors mais celui de la recherche d'investisseurs.» Toujours un déficit en entraîneurs Concernant les compétitions nationales, le président de la FAF fera savoir qu'elles sont gérées par 48 ligues de wilaya, 8 et non 9 ligues régionales (celle de Béchar n'existe plus à cause des distances entre les villes de cette région), 1 ligue inter-régions, 1 ligue nationale du football amateur et 1 ligue du football professionnel.» Elles gèrent 580 championnats et chaque semaine elles organisent plus de 3000 matches de différentes catégories. Imaginez le nombre d'arbitres qu'il faut avoir pour les diriger. Sur ce point, je tiens à rendre hommage à la commission fédérale d'arbitrage qui fait du bon boulot. Nous avons, actuellement, près de 6500 arbitres opérationnels, Chaque année, nous en formons à peu près 180. Je peux dire que dans ce domaine, l'Algérie est bien la première en Afrique. Elle l'est, également, au niveau de la formation des entraîneurs. Grâce à notre DTN, nous avons pu former ou recycler plus de 3000 entraîneurs. Le passage du 2e au 3e degré, qui ne se faisait plus chez nous depuis 20 ans, a été rétabli. Nous avons même créé des diplômes FAF avec l'accord de M. le Premier ministre. Grâce à cette politique, l'Algérie dépasse aujourd'hui le millier d'entraîneurs qui dispose d'une licence CAF. Il n'y a pas un autre pays en Afrique qui peut en dire autant. Je ne vous cache pas que nous accusons, toujours, un déficit de 6000 entraîneurs car le nombre de clubs, donc d'équipes, ne fait qu'accroître. Nous avons beaucoup d'entre eux qui ont quitté le pays. Le plus grave est ceux qui sont, là, disponibles mais qui ont été affectés dans des bureaux alors qu'ils seraient plus utiles sur un terrain. J'ajoute que nous n'avons pas assez d'entraîneurs de gardien, ce qui fait que l'Algérie manque terriblement de bons gardiens et ce, à partir des catégories de jeunes. L'autre jour, l'EN des U20 avait organisé un stage de détection pour 22 gardiens. A la fin du regroupement et des tests, on n'a pu en retenir qu'un seul. Concernant la crise du Comité olympique algérien, Mohamed Raouraoua a son avis : «A partir du moment où le bilan de 2011 a été rejeté par l'AG, le président et le Comité exécutif doivent partir. C'est un échec. Ils doivent assumer et savoir quitter la scène.» Dans ce registre, il n'a pas manqué de s'en prendre à l'ex-président du TAS «qui gérait cette instance comme s'il se croyait au palais de justice de le rue Abane Ramdane d'Alger. Ma conviction est que ce monsieur ne connaît rien au sport, ni aux textes qui régissent ce secteur».