L'intermédiaire en armements franco-libanais Ziad Takieddine, mis en examen dans l'affaire Karachi, a affirmé au juge Van Ruymbeke détenir les preuves d'un financement par la Libye de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy. Lors d'un interrogatoire au sujet de son éventuelle complicité dans le financement illicite de la campagne Balladur de 1995 tenu par le juge Renaud Van Ruymbeke à sa demande le 19 décembre, il a annoncé une information qui aura l'effet d'une bombe. Le régime libyen de Muammar Kadhafi, explique-t-il au juge, se serait montré particulièrement généreux envers la France. Son aide financière ne se serait pas limitée à la campagne du candidat Sarkozy, assure-t-il. Selon lui, elle s'est poursuivie après l'accession de ce dernier à l'Elysée. «Je peux vous fournir les éléments existants sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy», promet Ziad Takieddine. Le montant de cette aide dépasserait les 50 millions d'euros, somme déjà évoquée par Seïf El Islam, l'un des fils de Kadhafi. Il a également évoqué plusieurs rencontres entre Béchir Salah, alors secrétaire particulier de Muammar Kadhafi, et Claude Guéant qui, à l'époque, était directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy. «Guéant donnait alors à Salah les indications bancaires nécessaires aux virements», assure Takieddine. Des comptes-rendus de ces rencontres seraient entre les mains de Mamoudhi Bagdadi, le dernier Premier ministre de Kadhafi, récemment livré aux autorités libyennes après avoir été longtemps protégé par la France. «Il est prêt à vous les fournir», s'engage Ziad Takieddine. Il a indiqué détenir également des preuves compromettant trois sociétés françaises qui auraient bénéficié en Libye de contrats pour des prestations fictives.» Les montants qu'il évoque sont faramineux et avoisineraient les 100 millions d'euros. L'objectif de cette couverture qui a permis à ces entreprises de percevoir secrètement d'importantes sommes était de préparer «l'événementiel pour les festivités du 40e anniversaire de la Révolution libyenne qui devait avoir lieu le 1er septembre 2011», détaille l'intermédiaire, ajoutant être «écœuré par la corruption généralisée en France». «J'ai les contrats, les transferts d'argent, les destinataires, les montants», assure-t-il. Cette annonce est peut-être, selon certains quotidiens français, un «coup de bluff» de Ziad Takieddine qui, «acculé dans l'affaire Karachi, essaye d'user de cet effet d'annonce pour s'en sortir honorablement». Quant aux preuves, il affirme les avoir vues, savoir où elles se trouvent, mais se réserver la possibilité de les fournir, ou non, à la justice. «Il faudra qu'une nouvelle enquête distincte de celle en cours sur Karachi soit ouverte sur la question du financement libyen», exige l'intermédiaire.