Depuis plus d'une semaine, l'entrée du complexe de fertilisants agricoles Fertial, sis à Annaba a été bloquée par des dizaines de travailleurs issus de plusieurs entreprises sous-traitantes. Ces employés dénoncent le licenciement abusif d'une centaine d'ouvriers avec une prime de départ volontaire fixée à 300 000 DA. Les protestataires s'insurgent contre cette décision arbitraire. «Il n'est pas question de céder notre emploi contre 30 millions de centimes». Mohamed Lamine, la trentaine, père d'un enfant, employé chez un sous-traitant depuis plus de trois ans dans l'unité d'ensachage, nous déclare avec amertume : «Dans cette usine, nous faisions l'objet d'esclavage des temps modernes. Nous avons été loués à la société Fertial depuis plusieurs années pour de misérables salaires, au moment où le sous traitant privé s'enrichit sur notre dos». C'est une véritable compression des effectifs que connaissent ces ouvriers contestataires, des contractuels à durée indéterminée qui ont longtemps aspiré à être intégrés à la société Fertial. L'exemple d'Arcelor Mittal est édifiant. En 2010, le syndicat de l'entreprise a négocié avec la direction des ressources humaines un plan d'intégration progressif d'un «réservoir» de 1000 ouvriers contractuels issus d'entreprises sous-traitantes privées au personnel permanent de l'entreprise Arcelor Mittal, munis de CDI. Le taux de réalisation de ce plan, à la fin 2012, a atteint les 70%. Les travailleurs en colère ne sont pas prêts de lâcher prise, ils entament leur deuxième semaine de contestation, en observant un sit-in à l'entrée du complexe, même sans syndicat. Ils comptent aller jusqu'au bout de leurs revendications.