«Les jours de Belkhadem à la tête du FLN sont comptés». Ce leitmotiv, ressassé il y a déjà plus d'une année par les redresseurs et les membres du comité central du FLN, est plus que jamais d'actualité. Et pour cause, ces membres viennent de passer à une autre étape dans leur longue marche vers la destitution de Belkhadem, en innovant cette fois-ci. Après les rassemblements, les déclarations, la collecte de signatures en vue de parvenir à la destitution du secrétaire général du parti, actions qui ont jusque-là «échoué», ils ont procédé hier à l'installation d'un «tribunal» et à «l'introduction d'une action en justice» (justice populaire) dans le cadre de ce qu'ils ont appelé un procès «virtuel» contre Belkhadem, accusé de «crime politique». Le verdict du «procès» est clair : il faut que Belkhadem parte. Hier à l'occasion de la rencontre nationale des coordinateurs de wilaya tenue au siège du MRA à Draria (Alger), qui s'est transformé pour l'occasion en tribunal, il a été aussi question, lors du «verdict» prononcé après l'intervention de «la partie civile», et de nombreux «témoins» (membres du CC et coordinateurs) qui ont tenu à relever tous les dépassements commis par Belkhadem, d'infliger au secrétaire général une peine de «prison à vie», pour «le crime politique» qu'il a commis. Les membres de son bureau politique et les partisans de Belkhadem, accusés, quant à eux, de «complicité», sont condamnés au gel de leur qualité de membres du FLN. Parmi les «membres du tribunal», on retrouve Mohamed Bourzam, membre du CC, Hocine Khaldoun, ex-président de commission à l'APN, Khettab Cherif, avocat, ou encore Saliha Lordjane. Ont assisté également au procès le coordinateur du MRA, Abdelkrim Abada, et les ex-ministres, Khaldi Hadi et Rachid Boukerzaza. Condamné en son absence, faut-il le signaler, Abdelaziz Belkhadem est accusé de corruption, d'usage de la violence contre les militants du FLN, de violation des statuts du parti ou encore d'avoir introduit l'argent sale au sein du FLN qu'il veut comme «sa propriété familiale». Des intervenants de plusieurs wilayas ont mis l'accent sur l'ensemble de ces points, allant jusqu'à l'accuser d'avoir porté sur les listes du FLN, lors des précédentes élections, «des terroristes et des salafistes». D'autres procès du genre auront lieu à l'échelle locale. Abdelkrim Abada, qui animait un point de presse à l'issue du «procès», a expliqué que cette action s'inscrit en droite ligne avec les actions menées depuis déjà 3 ans, et son objectif est de mettre la lumière sur les dépassements «inqualifiables» du secrétaire général. «Que le SG suive l'exemple d'Ouyahia» «Qu'il fasse comme Ouyahia. Qu'il démissionne», a lancé Abdelkrim Abada en réponse à la question sur «les modalités d'application du ‘‘verdict du procès''». «Pour nous, Belkhadem n'est plus secrétaire général du FLN. Il n'a que l'agrément administratif», précisera-t-il tout en affirmant que la majorité des membres du comité central est contre lui. Le coordinateur du MRA a, tout en rappelant avoir saisi le président de la République afin qu'il intervienne en sa qualité de président d'honneur du parti «pour sauver le FLN», affirmé que «le chef de l'Etat n'était pas au courant des manœuvres de Belkhadem. Maintenant, tout est clair et l'opinion publique est désormais informée», relevant au passage la «cohésion» qui existe entre les membres du MRA et ceux du comité central qui partagent les mêmes objectifs, à savoir destituer Belkhadem et rendre le parti à ses militants que le secrétaire général a exclus. Interrogé sur l'intention de Belkhadem de convoquer un congrès extraordinaire, Abada estime que «c'est là une manœuvre supplémentaire pour rester à la tête du FLN et prétendre ainsi, grâce aux nouveaux membres du CC qu'il aura nommé, briguer un mandat présidentiel». Pour Abada, Belkhadem sait qu'il est lâché. Mais le SG continue à «narguer» ses adversaires. Réussiront-ils cette fois à le faire tomber, d'autant qu'une session du CC est prévue pour la fin du mois ?