Ayant épuisé toutes les voies de recours (sit-in, recours aux statuts, rassemblements…) dans leur tentative de destitution du secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, les redresseurs du Front de libération nationale (FLN) s'en remettent aujourd'hui au président d'honneur du parti, Abdelaziz Bouteflika, saisi à travers une missive dans laquelle sont énumérés «ses nombreux dépassements», l'appelant à user de ses prérogatives et à peser de tout son poids «pour sauver le FLN». «Dans le cas où le président de la République, saisi en tant que président d'honneur du FLN n'accède pas à notre demande, nous continuerons à lutter pour le départ de Belkhadem», a expliqué hier Abdelkrim Abada, coordinateur du Mouvement de redressement et de l'authenticité (MRA) du FLN, dans une conférence de presse animée au siège du mouvement à Draria (Alger). Pour Abdelkrim Abada, «l'ère de Belkhadem, dont la mission est d'anéantir le FLN est finie». Le conférencier dira dans le même sillage que le mouvement de redressement réclame une session ordinaire du comité central. Cette session qui aura lieu fin janvier sera investie par les contestataires de Belkhadem qui réclament le recours à l'urne. «Belkhadem qui réclame 250 membres du comité central en sa faveur doit accepter de se soumettre à l'urne, à la voie démocratique. S'il refuse ou tente de refaire le scénario de la session de juin dernier où les membres du CC ont été empêchés de façon musclée de participer à la réunion, nous allons appeler à une session extraordinaire du CC au cours de laquelle il sera destitué par les deux tiers comme le stipule la loi». Abada, pour qui l'objectif est de remettre le parti sur les rails, jure par tous les saints que le secrétaire général du FLN est désavoué même au sein de son propre bureau politique et qu'une cinquantaine de membres du CC seulement lui sont acquis. «Qu'il se soumette alors à l'urne», commente le coordinateur du mouvement de redressement qui a saisi l'opportunité pour «décortiquer» les résultats médiocres du FLN aux élections locales dont le seul responsable selon lui est Belkhadem et son équipe. «C'est malheureux que le FLN perde de cette façon», dira-t-il. «Une gifle», «une catastrophe», commente-t-il encore, résultat de la politique «clientéliste» du secrétaire général. Le FLN a perdu ses fiefs habituels et les membres du bureau politique n'ont même pas pu gagner dans leurs propres wilayas, note Abada. «Il avait tablé sur 1000 communes, il n'en a pas eu 500. Qu'il démissionne !» «Il avait tablé sur 1000 communes et n'en a même pas eu la moitié. Qu'il démissionne alors comme il l'a promis», lance Abada à l'adresse de Belkhadem accusé d'avoir favorisé des entrepreneurs et autres personnes qui n'ont rien à voir avec le FLN au détriment des militants et cadres du parti. «C'est lui-même qui a confectionné les listes, parfois chez lui», accuse encore le coordinateur du MRA, tout en précisant que les «places se vendaient à coups de millions et des membres de leurs familles (directions du parti) y sont parachutés». «Pire, note-t-il, les agresseurs des membres du CC se retrouvent candidats». Pour lui, le FLN n'a gagné que dans 159 communes. «C'est grâce aux alliances contre nature que le FLN s'est adjugé le reste des communes», explique-t-il encore, indiquant que des militants proches du MRA ont investi les listes de Belkhadem et ont réussi à «glaner 12 communes». Le conférencier relèvera qu'à cause des agissements de Belkhadem, beaucoup de militants ont quitté le FLN pour d'autres formations. Dans le même ordre d'idées, Abada affirmera que pour les élections sénatoriales, «c'est le même scénario» qui s'est reproduit, indiquant que les fils de Belkhadem ont favorisé des élus avec lesquels ils sont associés. Pour le mouvement de redressement, il est temps que Belkhadem se soumette au jugement populaire. Pour ce faire, Abada a appelé «tous les militants» à tenir des assemblées pour relever les dépassements du SG. «Nous appelons tous les militants à assumer leurs responsabilités», a-t-il lancé, laissant au mouvement de redressement «le droit de réserve pour recourir à la justice».