Les travailleurs d'Algérie Poste ont décidé de reprendre le service aujourd'hui après avoir observé près de 13 jours de grève. La décision a été prise par l'ensemble de la corporation, hier, à l'issue de la signature du ministre de la Poste, des Technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi, d'un engagement pour prendre en charge toutes les revendications de la corporation. Le ministre du secteur s'est déplacé hier en début d'après-midi pour engager le dialogue avec les postiers au niveau de la Grande Poste, où un énième rassemblement a eu lieu. Les deux parties ont fini par trouver un terrain d'entente, a-t-on appris des grévistes. Selon Kaci Chibane, un des représentant des postiers, le ministre a donné son accord pour satisfaire toutes les doléances soulevées, notamment celle relative à l'application de la convention signée entre Algérie Poste et le partenaire social, laquelle avait été approuvée par le conseil d'administration en mai 2011. Elle porte sur trois points, à savoir la promotion horizontale et verticale des travailleurs remplissant les conditions requises, l'enrichissement de la nouvelle nomenclature des postes de travail ainsi que le repositionnement des travailleurs sur les fonctions réellement exercées. Le délégué qui s'est déclaré très satisfait de cet acquis a précisé que «c'est la première fois que le droit du personnel d'Algérie Poste à la convention de 2008 a été reconnu». M. Chami a précisé, à la sortie des négociations, que ce n'est qu'un communiqué provisoire, en attendant qu'un document officiel soit signé par le même responsable. Un point qui a réveillé quelques suspicions parmi les contestataires qui exigent depuis le début de leur mouvement de protestation du concret. Il faut dire que convaincre les travailleurs de mettre fin à leur débrayage n'a pas été chose aisée. M.Kaci a tenté, tant bien que mal, d'expliquer que la prise en charge des doléances nécessite du temps. Le ministre a promis de répondre à toutes les requêtes, dans une durée qui ne dépassera pas les trois mois. M.Benhamadi a précisé dans le communiqué signé, dont Le Temps d'Algérie détient une copie : «J'ai décidé de prendre toutes les mesures nécessaires pour prendre en charge plusieurs revendications à court, moyen et long termes», lit-on dans ce communiqué. Pour ce faire, «un groupe d'experts sera mis en place afin d'étudier et élaborer des propositions à soumettre», ajoute le document. Le départ du DG non évoqué ? Le communiqué signé par le ministre comprenait plusieurs points. Il s'agit, outre la mise en place de la convention approuvée par le conseil d'administration en 2011, de la révision de la convention collective en vigueur pour élaborer un document référentiel de gestion du secteur de la poste dans toutes ses dimensions, permettant d'aboutir à une vision claire pour chaque travailleur de l'établissement concernant sa carrière professionnelle, des procédures transparentes en matière de recrutement ainsi que des procédures de désignation à des postes et d'évolution dans les fonctions de responsabilité. L'intégration de la prime annuelle, dont le montant sera fixé par le conseil d'administration, et l'encouragement des personnels proches de la retraite en leur accordant des avancements ont été également arrachés. Le ministre a accepté l'intégration du personnel relevant du dispositif du pré-emploi et de celui du contrat de travail aidé et a donné son accord de principe pour l'application à compter du 1er janvier 2008 de la grille des salaires approuvée en 2010. Cependant, aucune précision n'a été faite concernant le départ du DG de l'entreprise, Mohamed Laïd Mahloul, une des principales revendications des travailleurs. En ce qui concerne le départ du SG du syndicat affilié à l'UGTA, le ministre a précisé que c'est aux travailleurs eux-mêmes de décider. A ce sujet, les postiers ont décidé hier de procéder au retrait de confiance au SG du Syndicat national des postiers dans tous les bureaux syndicaux de wilaya. Notons qu'avant la signature de l'accord, d'intenses tractations se sont déroulées durant toute la matinée d'hier entre la tutelle et les grévistes. La tutelle avait demandé au départ de négocier la plate forme de revendications avec une délégation mandatée par la corporation. Les quatre délégués qui se sont déplacés au ministère sis à Télemly sont revenus bredouilles après avoir été «mal accueillis». Selon l'un des représentants, le ministre les avait fait attendre pendant plus d'une heure avant de déléguer un des directeurs centraux du ministère pour les recevoir. Face à ce «traitement», les délégués se sont retirés des négociations, obligeant le ministre à se rendre à la Grande Poste vers 14h00, ce qui a permis le dénouement de la crise.