Dans Ghaza privé d'eau, des milliers d'habitants, l'oreille collée à leur radio, guettent l'annonce de la trêve quotidienne des bombardements pour se ruer à la fontaine publique remplir leurs bidons. A chaque pause de l'agression israélienne, les points d'eau de la ville sont littéralement pris d'assaut par des milliers de personnes qui se ruent vers les fontaines publiques, les mosquées, les écoles, avec une seule idée en tête : faire le plein du précieux liquide. Kamel Al Hamami, un habitant de Zeitoun, un quartier régulièrement pris dans les combats, a profité de l'accalmie pour sortir s'approvisionner. «A chaque fois que j'entends qu'il y a une trêve de trois heures, je cours à la fontaine», lance-t-il dans la file d'attente, un bidon dans chaque main. «J'y vais avec mes enfants, chacun prend un bidon afin de réapprovisionner notre réserve de 500 litres sur le toit», ajoute l'homme, qui affirme avoir plus de 20 personnes chez lui. Avec la guerre d'Israël contre Ghaza, aller chercher de l'eau est devenu une mission périlleuse. Selon les sources médicales, la moitié de près des 1200 Palestiniens tués depuis le début de l'assaut, le 27 décembre 2008, sont des civils. «Les chars tirent, mais nous n'avons pas le choix. L'eau est un très gros problème ; depuis bientôt trois semaines, elle est coupée chez nous», insiste Abed Al Khatib, 33 ans, un autre habitant de Zeitoun qui s'est aventuré au dehors pendant les quelques heures de la pause qu'Israël déclare quotidiennement, mais qui est peu respectée. «Je suis obligé d'envoyer mes enfants remplir des bidons d'eau potable aux robinets de l'école de Majdal, à environ un kilomètre de chez nous», explique le père de famille. Dans les foyers de Ghaza, la moindre goutte est économisée. On ne fait plus de lessive depuis trois semaines, les maisons ne sont plus nettoyées et les douches sont devenues rares. «Ils nous ont ramenés un siècle en arrière. C'est injuste. C'est une punition collective», lance l'homme. «Qu'ont fait mes enfants, qu'ont fait les enfants de Ghaza ?», demande-t-il. Dans le quartier de Rimal, dans le centre-ville de Ghaza, on peut également apercevoir des files d'attente devant les fontaines publiques ou dans les mosquées. «Il me faut de l'eau potable. Elle n'arrive plus dans les maisons. Nous venons la chercher en voiture», explique Mohammed Abed, 35 ans, des bidons jaunes à la main. Selon Mounzir Choublak, responsable de la régie des eaux de Ghaza, «les trois quarts des habitants de la bande de Ghaza n'ont plus d'eau chez eux depuis plus de deux semaines». «La plupart des puits se trouvent dans le nord de la bande de Ghaza et à l'est de Ghaza-ville où se trouvent les forces israéliennes. 40% des sources ne sont plus disponibles», ajoute l'expert qui souligne qu'avant l'opération 220 000 mètres cubes d'eau étaient disponibles pour les habitants. Aujourd'hui, il n'en resterait plus que 100 000 mètres cubes.