Le président syrien Bachar al-Assad a accusé Israël de vouloir "déstabiliser" le pays déjà miné par un conflit meurtrier opposant ses troupes aux rebelles, après un raid aérien en Syrie implicitement reconnu dimanche par l'Etat hébreu. A Munich, où s'est achevée dimanche une Conférence annuelle sur la sécurité, le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a indirectement admis que le raid aérien mené mercredi était le fait des forces israéliennes. "Ce qui s'est passé il y a quelques jours (...) montre que quand nous disons quelque chose, nous nous y tenons. Nous avons dit que nous ne pensons pas qu'il doit être permis que des systèmes d'arme perfectionnés soient transférés au Liban", a-t-il dit, en allusion au Hezbollah chiite, allié de Damas et bête noire d'Israël. M. Assad a réagi en accusant Israël de vouloir "déstabiliser" et "affaiblir" la Syrie, selon des propos rapportés par l'agence officielle Sana. Le raid aérien, qui a visé un complexe de recherche scientifique près de Damas, "dévoile le véritable rôle joué par Israël, en collaboration avec les forces étrangères ennemies et leurs agents sur le sol syrien, pour déstabiliser la Syrie et l'affaiblir", a dénoncé le président syrien. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a pour sa part condamné dimanche cette attaque et a accusé l'Etat hébreu de se livrer à un "terrorisme d'Etat". "Ceux qui traitent Israël comme un enfant gâté doivent s'attendre à n'importe quoi n'importe quand", a-t-il déclaré à la presse. En Israël, des sources de sécurité ont annoncé que l'armée envisageait d'instaurer une zone tampon en territoire syrien pour empêcher des groupes radicaux de s'approcher de sa frontière sur le plateau du Golan en cas de chute du régime de M. Assad. Samedi à Munich, l'opposition syrienne a mené pour la première fois des contacts avec les deux principaux alliés de Damas, la Russie et l'Iran, qui ont tous deux salué la volonté de dialoguer désormais affichée par la Coalition. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a salué la décision du chef de l'opposition syrienne, Ahmed Moaz al-Khatib, de se dire prêt à un dialogue, sous conditions, avec le régime. Samedi, son homologue russe Sergueï Lavrov avait qualifié l'initiative de M. Khatib de "pas très important" et promis des "contacts réguliers" avec l'opposition. Moscou refuse toujours un changement de régime par la force, principale divergence avec Washington qui réclame le départ de M. Assad. L'initiative surprise de M. Khatib a fait grincer des dents parmi les opposants qui refusent catégoriquement tout dialogue avec Damas, mais dimanche, le porte-parole de la Coalition, Walid al-Bounni, a affirmé que "la majorité" de ce rassemblement soutenait cette voie. La Coalition "espère" que Moscou fasse pression sur son allié syrien, a-t-il ajouté, en appelant la Russie à penser "à ses véritables intérêts futurs dans la région". La Turquie, un des principaux soutiens de l'opposition, a affiché son scepticisme, le ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, doutant que des négociations permettent de trouver une solution au conflit qui a coûté la vie, selon l'ONU, à plus de 60.000 personnes en près de deux ans.