Le président nigérien Mahamadou Issoufou, dont le pays a engagé quelque 600 soldats au sein de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), fervent partisan de l'intervention française, considère que la crise malienne constitue une menace pour la sécurité intérieure de son pays. En plus des djihadistes assimilés à des trafiquants de drogue et d'armes qu'il faut combattre, Issoufou rejette également l'option de l'indépendance du nord Mali revendiquée par le MNLA, «qui n'est pas représentatif du peuple touareg». Interrogé dans le cadre de l'émission de TV5 Internationales à Niamey, en partenariat avec RFI et Le Monde, le président nigérien a estimé que «si la France n'était pas intervenue après l'offensive des djihadistes sur Konna, ces derniers seraient à Bamako. L'Etat malien serait devenu un Etat terroriste menaçant les Etats des pays voisins dont le Niger». L'intervention de la France est selon lui «légitime et courageuse». L'intervention «ne relève pas de la Françafrique», a-t-il soutenu, appelant dans la foulée à une force «capable de sécuriser le nord du Mali afin de créer les conditions pour l'organisation d'élections libres et démocratiques». «Je ne vois pas d'inconvénient à ce qu'il y ait des Casques bleus», a-t-il dit, écartant toute perspective d'indépendance du nord Mali revendiquée par les Touaregs du MNLA. «Le plus important est de promouvoir les valeurs démocratiques, de permettre au peuple de s'exprimer quelle que soit son ethnie ou sa communauté. Une autre façon d'impliquer les populations à la base est la décentralisation. C'est ce que nous avons mis en œuvre au Niger : nos régions sont dirigées par des responsables désignés par les populations locales. Cela peut être une voie pour le Mali sur le plan politique», a-t-il dit à ce propos relevant que les Touareg ne sont pas toujours représentés par ceux qui prétendent les représenter, c'est-à-dire le MNLA. «Le MNLA n'est pas représentatif du peuple touareg au Mali. Il est très minoritaire», a jugé Issoufou, accusant même ce mouvement d'être «le premier responsable du déclenchement de la crise au Mali en janvier 2012». Quant aux djihadistes et à leurs différentes tendances qui se revendiquent toutes de l'Islam, il a affirmé que «ce sont des trafiquants de drogue et d'armes». «L'islam est une religion qui prêche la modération. C'est pourquoi, au Niger, nous disons qu'aller faire la guerre contre ces gens-là n'est pas aller faire la guerre contre l'islam. C'est faire la guerre contre des terroristes, des extrémistes et des trafiquants de drogue», a-t-il argué, reconnaissant que la progression de cet «islam radical» est «un danger». «Il faut être très vigilant. C'est pour cela que nous mettons l'accent sur l'autre aspect de la lutte contre le terrorisme : le développement», a précisé le président nigérien. Areva : un problème d'équilibrage Sur le plan économique, il demande le rééquilibrage du partenariat avec la société française Aréva qui exploite l'uranium du pays. «L'uranium est une ressource très importante pour le Niger, et malheureusement, elle ne rapporte pas aux Nigériens ce qu'ils sont en droit d'attendre de son exploitation. Un chiffre : le Niger retire de cet uranium à peine 100 millions d'euros par an, à peine 5% de notre budget. Ce n'est pas admissible. C'est pourquoi nous demandons un rééquilibrage de notre partenariat avec Areva afin qu'il soit gagnant-gagnant», a-t-il dit, confirmant la présence de forces spéciales françaises pour renforcer la protection des sites d'uranium. «Nous avons décidé, après ce qu'il s'est passé à In Amenas en Algérie, de ne pas prendre de risque et de renforcer la protection de ces sites», a expliqué Issoufou.