L'assassinat, mercredi, du secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié Chokri Belaid, leader de l'opposition tunisienne, met le pays face au risque d'une montée des tensions politiques et risque de compromettre le processus de transition démocratique, estiment des partis tunisiens. Le porte-parole du ministère de l'intérieur Khaled Troche, a indiqué que les services de sécurité ont obtenu des informations sur l'assassin du dirigeant politique mais sans donner davantage de détails. A la suite de cet assassinat le président tunisien Moncef Marzouki a décidé d'annuler sa participation au 12e sommet de l'Organisation de la Coopération islamique (OCI) et de regagner Tunis après avoir effectué une visite de deux jours à Strasbourg (France). La présidence tunisienne a mis en garde, dans un communiqué, contre les conséquences dangereuses "de la discorde que cherchent à semer certaines parties dans le but d'entraîner le peuple tunisien dans une spirale de violence", appelant à la "raison", à la "maîtrise de soi" et à la "pondération" dans l'analyse de ce crime "lâche et odieux". Le Premier ministre tunisien Hamadi Jebali, secrétaire général du parti islamiste Ennahda, a dénoncé pour sa part un "acte de terrorisme" contre toute la Tunisie. "C'est un acte criminel, un acte de terrorisme pas seulement contre Belaïd mais contre toute la Tunisie", a-t-il affirmé dans des déclarations à la radio appelant les Tunisiens à faire preuve de sagesse et à ne pas tomber dans le piège de la violence et de la contre-violence". De son côté, le mouvement Ennahdha qui dirige le gouvernement provisoire, a fermement condamné "le crime odieux" perpétré contre l'un des symboles de l'opposition, soulignant que cet acte "porte atteinte à la sécurité et à la stabilité du pays". Ennahdha a attribué "l'entière responsabilité de ce crime aux parties ayant fomenté l'assassinat", appelant les autorités sécuritaires à "déployer des efforts pour dévoiler" l'identité des criminels, les traduire devant la justice et éclairer l'opinion publique sur leurs desseins. Des centaines de personnes se sont rassemblées mercredi matin devant le ministère de l'Intérieur, à Tunis, pour dénoncer l'assassinat de Chokri Belaid.Un important dispositif sécuritaire a été déployé sur les grandes artères de la capitale. Les manifestants ont appelé à "faire tomber le gouvernement" et à la cessation des actes de violence qui pourraient "nuire" au processus de transition. Certains estiment que ce genre d'acte était prévisible et que c'est le résultat des "tiraillements politiques et de l'absence de sécurité", dénonçant un crime qui "entraînera le pays dans une spirale de violence". De son côté, le mouvement Nidaa Tounés a condamné l'assassinat estimant que l'opération visait à entraver le processus de transition, en proie à des glissements depuis la création de milices des ligues de protection de la révolution, proches du mouvement Ennahdha. Nidaa Tounés, dirigé par Beji Essebsi a par ailleurs souligné que l'assassinat représentait "une menace" pour les personnalités politiques et les partis politiques, ce qui laisse augurer "que d'autres personnalités sont menacées de liquidation physique". Pour sa part, le porte-parole du parti El Massar Samir Bettaieb a imputé cet acte au mouvement Ennahdha qui a toujours, a-t-il dit, "soutenu les extrémistes" appelant le mouvement à "barrer la route devant la menace" que représentent certains extrémistes".