Au moment où, grâce à l'informatique, on peut lire et imprimer n'importe quelle musique tout en l'écoutant, des artistes sortis de l'école de la routine persistent à dire que la musique andalouse ne peut être transcrite. Mis à part quelques professeurs, tels que Bachir Mazouni ou feu Saïd Bestandji, beaucoup de défenseurs de la musique andalouse trouvent impossible de solfier l'écriture de cette musique millénaire. Pour motiver ce refus d'écrire l'andalou, ces personnes, se déclarant conservateurs, persistent à dire qu'il est impossible d'écrire les quarts de note du oûd (luth). Ces conservateurs en retard d'un siècle ne savent-ils pas que tous les sons, même ceux d'un bidon, dégringolant dans des escaliers peuvent être repris par l'écriture du solfège ? Ces défenseurs de la méthode orale ne savent-ils pas que les instruments de musique comme la harpe ou le xylophone et ceux de Chine et d'Inde sont plus compliqués que le luth et la kouitra ? Le professeur Saïd Bestandji, qui était passé par l'école andalouse chez le maître Mahieddine Lakhal puis par le conservatoire de Paris, disait à ses élèves qu'il était facile d'écrire n'importe quel son émanant d'un instrument de musique ou non. Ce grand compositeur avait déjà entamé un travail dans ce sens et on l'avait vu jouer noubet essoltane en jouant la guitare électrique au côté de musiciens tels que les frères Torki (batterie) et Mahfoudh Djelmani (synthétiseur). Le chef d'orchestre Boudjemia Merzak avait également réussi un arrangement de noubet ezzidane avec l'orchestre de la RTA. D'ailleurs, le solo du neqlab zidane du violoniste Mohamed Mokhtari est resté dans nos mémoires. On se demande pourquoi ces conservateurs tiennent à ce que l'andalou ne soit pas transcrit en solfège. Ne savent-ils pas que les 12 noubas manquantes du répertoire andalou ont été perdues parce que justement elles n'avaient pas été écrites ? Au lieu de continuer à poser des questions bêtes, il vaudrait mieux que les musiciens ayant une double formation musicale, c'est-à-dire andalouse et universelle, se mettent à écrire. Des institutions sérieuses, telles que l'Etablissement arts et culture ou l'Onda, pourraient bien lancer l'opération d'écriture de la musique andalouse ou bien organiser un concours national. Le défi en vaut la peine.