Ces Journées du hawzi auront lieu du 25 mai au 3 juin prochain, et ce, après sept années d'absence. Dans ce sens, plusieurs formations et chanteurs seront présents à cet événement d'envergure nationale, ce qui va faire renaître une tradition qui était chère aux Blidéens et qui avait disparu en laissant un grand vide dans une ville connue pour la culture et le raffinement de son public. Parmi les nombreux participants qui représenteront les différentes écoles, il y a lieu de retenir la Sanaâ d'Alger, le Maâlouf de Constantine, El Gharnati de Tlemcen et l'association de musique andalouse El Gharnatia de la ville de Koléa. Cette dernière, qui appartient doctrinalement à l'école d'Alger, sera classée comme invitée d'honneur par excellence de cette manifestation en assurant la cérémonie d'ouverture. Cette association a vu le jour le 7 mars 1972 à l'initiative des mélomanes de la musique andalouse classique. Elle a pour but la sauvegarde, la vulgarisation et la promotion du patrimoine artistique andalou à travers notamment la formation dans différents niveaux et classes. «Le but de notre association, depuis la création, est tout d'abord l'enseignement de cette musique à un large public notamment les jeunes, afin qu'ils puissent jouer avec les instruments de musique et chanter la nouba comme elle fut chantée par les maîtres de l'andalou. Dans ce sens, certains de nos anciens élèves sont devenus maîtres chez nous, d'autres ont même crée leur propre association», nous dira M.Noureddine Labri, président d'El Gharnatia, remplaçant le défunt Bellouti Mahieddine, mort il y a exactement une année. Ces réalisations ont fait d'El Gharnatia, une véritable institution grâce au sérieux et à la persévérance de ses membres qui n'ont pas «lâché» même pendant les années de terrorisme. Boudjemaâ Benouda, Mazouni fayçal, Bellouti El Hadj Arbi et Mahièddine, Boualem Kharous, El Hadj Slimane Annani sont des personnes parmi tant d'autres qui ont rendu El Gharnatia aussi célèbre et prestigieuse. Cette dernière a toujours marqué sa présence artistique et musicale que ce soit au niveau local, national ou international. «Nos activités vont des soirées locales comme les fêtes et événements religieux, aux tournées nationales et internationales touchant en dehors de nos voisins marocains et tunisiens, la Russie, la France, la Hongrie, la Jordanie et la Roumanie où nous avons eu énormément d'admiration de la part du public de ces pays, qui en général, ne connaissent rien de la musique andalouse. En Roumanie par exemple, on a eu tellement de succès qu'on a fait de remarquables passages à la télévision et à la radio roumaine.» La même source nous a fait savoir que le siège d'El Gharnatia a connu le «passage» de plusieurs délégations étrangères composées essentiellement de ministres comme c'est le cas respectivement des ministres de la Culture tunisien et chinois ou l'Académie arabe de musique, il y a de cela quelques années. D'ailleurs, l'ambiance andalouse est omniprésente au niveau du siège d'El Gharnatia, sis à la rue Kaddour Benyoucef. Ancienne école durant l'époque coloniale, elle a été cédée à cette formation musicale et a connu des modifications afin que le décor mauresque et son patio riment avec les chants andalous chers au précurseur de cette musique qu'est Ziryab. A l'intérieur, des professeurs dispensent, à de jeunes élèves, une formation musicale qui commence par des exercices de vocalisation en chorale et se terminent par la maîtrise instrumentale et orchestrale. La Kouitra, le luth, le rebab et la cithare font partie intégrante du décor, et grâce à la charmante voix des élèves d'El Gharnatia les douze noubas (sur les 24 qui existent), peuvent être exécutées complètement, dont noubate Dil, Raml maya, Zidane, Mezmoum...etc. Les autres se sont égarées à travers le temps dont trois demeurent incomplètes et qui sont connues sous l'appelation de Aârak, Djaharka, et Moual. Dans ce sens, on rapporte que chaque nouba qui était exécutée durant l'époque andalouse correspondait à une heure de la journée ou de la nuit, puisque chaque heure avait sa propre nouba. Cette dernière désigne généralement une suite de morceaux musicaux appartenant à un même mode. Traditionnellement, elle se compose d'une ouverture dite «Touchia», d'un prélude vocalisé dit «Istikhbar» et de cinq parties, sorte d'entrelacement de thèmes appartenant à une même mélodie avec un rythme propre à chacune d'entre elles. Aujourd'hui, elles demeurent préservées grâce au mérite de ces associations qui perpétuent, chacune à sa manière, notre patrimoine musical. El Gharnatia est l'une de ces formations qui gardent à merveille le flambeau.