Vendredi matin, avant 7h, la troisième chaîne de télévision nous a encore surpris en programmant l'association andalouse El Djazira. De jolies filles et des voix douces donnaient la réplique à celles du professeur Bachir Mazouni et du violoniste Kamel Belkhodja. Le groupe El Djazira, créé en 1993, a vite marqué son entrée par l'innovation en devenant le premier orchestre andalou à se produire sans percussion. C'est à dire sans derbouka ni tar. Avec cette innovation, on sent vraiment mieux la douceur de la musique. Il faut dire que cela n'a pas fait encore d'émules, car il faut avoir d'excellents musiciens pour se priver de percussion. Le pari est quand même bien gagné par le professeur Bachir Mazouni, fils de feu Mohamed Mazouni, lui-même professeur, chanteur et maître de la musique andalouse. Pour arriver à ce stade de maîtrise de la voix et des instruments (il joue du piano, luth, saxophone, mandoline, violon, etc.). Bachir Mazouni est passé par de grandes écoles, notamment celles des frères Fekhardji et de son père. Il est parmi les rares musiciens algériens sur lesquels on peut compter pour l'écriture solfiée des morceaux andalous. Virtuose du oud, Mazouni a donné la réplique à des musiciens de niveau mondial, et il est l'un des artistes les plus complets de la musique andalouse puisqu'il joue pratiquement de tous les instruments, il possède une voix mielleuse et maîtrise le solfège. Tout comme son père, il a fait pendant plusieurs décennies les beaux jours du service culturel de Sonatrach. Actuellement, il donne des cours au conservatoire de Kouba et continue à se produire pour l'association El Djazira dont il est l'un des fondateurs. Il est également membre fondateur de l'association El Inchirah que dirige Smain Hini. Ce vendredi, on a remarqué également la présence du virtuose du violon Kamel Belkhodja, qui nous a donné l'occasion que sa voix vibre aussi bien que son violon. Enfin, la troisième chaîne de télévision algérienne nous a offert, ce vendredi, deux surprises, l'une bonne et l'autre mauvaise. La bonne est le fait d'avoir diffusé de la bonne musique andalouse, et la mauvaise est la coupure en plein chant de Kamel Belkhodja à cause du journal télévisé de 7h. Les programmateurs auraient dû mieux calculer, ou encore mieux programmer un tel groupe après le journal de 20h. Cette musique mérite plus de respect.