Le puissant syndicat tunisien, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) a annoncé être favorable à la formation d'un gouvernement de technocrates, proposée, contre l'avis de son parti islamiste, par le Premier ministre Hamadi Jebali. "Nous avons discuté au sein du bureau exécutif, avec les membres du syndicat et nos associés comme la Ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme et l'Ordre des avocats, et nous avons réagi positivement à la proposition", a déclaré lundi soir le porte-parole du syndicat, Sami Taheri, à la radio Mosaïque. Il a souligné que l'UGTT souhaitait que l'éventuel futur gouvernement ait pour priorités d'assurer la sécurité en Tunisie, d'établir un calendrier électoral et d'engager un véritable dialogue social. Rejetée par son parti Ennahda et celui du président tunisien Moncef Marzouki, l'initiative de M. Jebali a cependant reçu le soutien des principaux partis de l'opposition laïque, d'une partie de la société civile et désormais aussi de la puissante organisation syndicale qui dispose de quelque 500.000 membres. Signe du poids dont dispose l'UGTT, la grève générale qu'elle a organisée vendredi, le jour des funérailles de l'opposant assassiné Chokri Belaïd, a quasi-paralysé le pays. La Tunisie est plongée dans une grave crise politique, dont M. Jebali veut sortir en formant un gouvernement de technocrates. La rédaction de la nouvelle Constitution tunisienne est actuellement dans l'impasse faute de compromis, et son adoption est essentielle pour organiser de nouvelles élections. Les conflits sociaux, souvent violents, se multiplient dans le pays alors que chômage et misère étaient au cœur des causes de la révolution de 2011 qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali.