Le match Real Madrid-Manchester United, mercredi en 8e de finale aller de Ligue des champions, opposera deux entraîneurs assez proches: José Mourinho "le fils" et Alex Ferguson, son "père spirituel". Mourinho, le Portugais pétri de culture anglaise depuis son fructueux séjour à Chelsea de 2004 à 2007, n'a jamais caché qu'il aimerait retrouver la Premier League à la fin de son expérience espagnole. Et beaucoup d'observateurs le voyaient bien poser ses valises du côté d'Old Trafford. Reconnaissant en "Mou" son propre perfectionnisme, Ferguson n'avait rien fait pour démentir ces pronostics. "Je ne sais pas qui sera le futur entraîneur de Manchester United, mais Mourinho peut diriger n'importe quelle équipe", avait (un jour) dit le vénérable Sir Alex. La tendance semble toutefois s'être inversée ces derniers mois. D'abord Ferguson, bien qu'âgé de 71 ans, refuse toujours obstinément de fixer la date de sa retraite, ce que Mourinho a affirmé "comprendre parfaitement". "Je crois d'ailleurs que je ferai la même chose", a-t-il affirmé à l'occasion de ses 50 ans, le mois dernier. Mais surtout, le "Special One" ne semble plus apprécié à Manchester United, où l'on rejette certaines facettes de son comportement, comme ce doigt qu'il mit dans l'oeil de l'entraîneur (alors adjoint) du FC Barcelone, Tito Vilanova, lors de la Supercoupe d'Espagne 2011. Réticences à Manchester "Un entraîneur de United ne ferait pas ça", a dit en décembre Bobby Charlton, personnalité toujours influente au sein de la direction de son ancien club. Le champion du monde 1966 n'avait d'ailleurs pas que cela à reprocher au Portugais: "Il pontifie trop à mon goût. C'est un bon entraîneur toutefois". Un avis partagé par un autre grand ancien des "Red Devils", l'ex-gardien Peter Schmeichel. "Il ne sera probablement pas (le) successeur (de Ferguson). Je ne pense pas que le club aimerait tout ce que Mourinho apporterait avec lui", a dit le Danois, prenant soin lui aussi de souligner que "sur le plan technique, Mourinho serait un très bon candidat". "On l'a vu à Chelsea, à l'Inter et au Real Madrid, avec Mourinho ça dure deux ou trois ans, pas plus", a dit l'ancien portier, s'avançant un peu sur l'avenir du Portugais dans la capitale espagnole. Quoi qu'il en soit, le respect que se vouent les deux entraîneurs double champions d'Europe n'est pas menacé. Le Portugais a ainsi affirmé que, même si le Real était éliminé en huitième de finale, il ménagerait en lui "une petite place au bonheur" grâce à cette amitié, née il a près de dix ans d'un acte chevaleresque de Ferguson. Immédiatement après l'élimination de United par le FC Porto, futur champion d'Europe, en 2004, l'Ecossais était allé féliciter ses vainqueurs dans le vestiaire portugais et lui avait offert en grand seigneur de partager un verre de vin. "Mou" n'a pas oublié.