«Nous sommes dans une période de renouvellement des instances sportives. Je ne conçois ce processus que par le respect des textes en vigueur. Ce dont souffre le plus le mouvement sportif national, c'est justement le non-respect de ces textes.Si on se mettait à se conformer à la réglementation en vigueur, il y aurait nettement moins de problèmes. L'Etat intervient dans ce genre d'élections pour faire respecter la loi, pas pour peser sur ces élections ou pour désigner des experts. Il s'agit donc de veiller à ce que ces scrutins se déroulent conformément aux textes en vigueur. Sans plus. Je tiens à faire savoir qu'aucune dérogation ne sera faite ou admise.» On ne pouvait pas être plus clair et précis et Mohamed Tahmi, le ministre de la Jeunesse et des Sports, auteur de ces propos, a le mérite d'aller droit au but. Il s'est exprimé de la sorte hier matin, au siège de son département, lors de la rencontre qu'il a eue avec les directeurs de la jeunesse et des sports des 48 wilayas du pays, la seconde du genre depuis son arrivée à la tête de ce ministère en septembre dernier. Ce fut un rendez-vous extrêmement utile parce qu'il a permis d'avoir un aperçu de que vivent ces responsables du sport et de la jeunesse sur le terrain. Et puis le ministre en a profité pour faire un discours d'orientation à l'ensemble de ces responsables dans lequel il leur a expliqué qu'ils étaient des commis de l'Etat au service de celui-ci mais aussi de la population puisque les projets qu'ils initient sont construits avant tout pour cette dernière. Le ministre n'a pas manqué de soulever la grosse carence qui fait que la plupart des projets en cours connaissent des retards dans leur réalisation, souvent pour de futilités, parfois parce que les DJS concernés ne sont pas assez autoritaires sur le terrain, quand ce n'est pas pour des erreurs commises, au départ, par les bureaux d'études. On imagine ce que de tels retards engendrent comme frais supplémentaires. «Ce sont des projets exclusivement dédiés au sport et aux activités de jeunesse, a dit le ministre. Il y a en malheureusement qui pensent qu'on peut faire de l'argent en les gérant.» Cette réunion nous a également édifié sur le rôle parfois difficile de ces DJS dont certains, ceux qui exercent dans des wilayas très étendues, ont d'énormes difficultés à contrôler tous les projets placés sous leur responsabilité. Ainsi en est-il de celui de la wilaya d'Adrar dont les distances entres les villes se chiffrent en plusieurs centaines de kilomètres. A propos de cette wilaya, M. Tahmi s'est interrogé sur l'opportunité d'avoir un championnat de wilaya de football. «Il vous faut le budget de la Ligue de football professionnel pour le gérer», a-t-il dit au responsable du sport de cette wilaya. Du reste, le ministre a insisté sur le fait qu'il ne s'agit pas de lancer un sport dans une wilaya donnée sur un coup de tête parce qu'il faut qu'il soit présent. «Il n'y a pas dans certaines wilayas des habitudes nautiques. On ne peut pas prétendre y faire de la natation de compétition. Dans ces régions, de simples bassins de 25 mètres suffisent. Il n'est même pas utile de construire des tribunes.» Des cadres du sport réorientés On a également appris que les DJS usent de l'argent qui leur est versé avec une certaine désinvolture, subventionnant des ligues et des clubs qui n'ont pas tenu leur assemblée générale ordinaire. Il y a même des ligues et des clubs non agréés qui émargent au budget de l'Etat tout comme certains clubs professionnels. Le ministre a mis en garde les DJS contre de telles pratiques indiquant que l'argent dont ils disposent n'est pas le leur mais celui de l'Etat qu'ils doivent distribuer conformément à la loi. Mais on sait que ces DJS évoluent dans des régions où les vrais patrons sont les walis. Quand ceux-ci leur ordonnent de subventionner des ligues, des clubs sans agrément ou des clubs professionnels, les DJS peuvent-ils dire non ? Oui, mais seulement dans l'absolu car ils mettraient leur carrière en jeu s'ils venaient à ne pas obéir aux walis. On retiendra une aberration soulevée par le DJS de Mostaganem. Il a révélé à l'assistance que dans l'université de sa ville il y a une filière sport. «Malheureusement en fin de cycle, ces cadres ne sont pas orientés vers nous, a-t-il déclaré. Ils vont vers d'autres secteurs. Nous avons un réel problème de cadres. Il serait opportun que notre ministère voie avec celui de l'Enseignement supérieur comment on pourrait bénéficier de ces cadres du sport.» M. Tahmi a avoué qu'il s'agissait là d'un vrai problème. «Il existe à travers le pays 19 universités qui ont des filières sport, a dit le ministre. Nous sommes en train de voir avec le ministère de l'Enseignement supérieur quel serait le meilleur moyen d'utiliser les cadres qui en sortent. Une commission planche sur le sujet. Il est possible que l'ISTS ne soit plus orienté qu'à la post-graduation.» Toujours est-il qu'une dizaine de DJS est intervenue lors de la rencontre d'hier matin. Un seul a été félicité par le ministre et il se trouve que c'est une femme, Mme Nadjet Fadel, qui exerce à Oum El Bouaghi. Elle a, en tout cas, montré qu'elle avait de l'autorité et surtout de l'imagination. Ce serait bien que ce corps de commis de l'Etat s'en inspire.