Les agences de voyages participant à l'organisation du hadj 2013 menacent de boycotter l'opération. Une large concertation entre ces opérateurs est en cours pour prendre une décision à ce sujet. Ces agences argumentent leur position en estimant que les récentes mesures prises par l'Office national du hadj et de la omra (Onho) sur la préparation de cette saison constituent «une grave entrave» aux dispositions des cahiers des charges régissant cette opération depuis plusieurs années. Ces agences sollicitent l'intervention du chef de l'Etat pour sauver la saison et l'image de l'Algérie. Ils demandent une rencontre avec le Premier ministre pour désamorcer la crise. «Cette année, le hadj est une mission suicidaire», nous affirme un propriétaire d'une agence de voyages. «Nous n'avons pas d'autre alternative : ou nous allons participer à cette opération et mourir après, ou nous allons nous retirer et boycotter le hadj, histoire de préserver notre activité d'agence», a-t-il ajouté. La libération des prix du hadj n'est pas du goût de ces opérateurs. Ils estiment que cette mesure va créer «une anarchie sans antécédent» dans le secteur. «C'est complètement contradictoire et incompatible avec la politique de l'Etat en la matière», nous dira un autre opérateur. Selon lui, «l'Etat a décidé d'une politique de hadj subventionné à travers le tirage au sort. Pour cela, il a mis en place une organisation impliquant les opérateurs du secteur touristique qui jouent le rôle d'encadrement des hadjis et non pas les véritables organisateurs». «Or, dans ce nouveau cas de figure, il est demandé à l'agence de voyages de décider librement des tarifs à appliquer dans le cadre d'une politique subventionnée où les prix sont d'emblée fixés par l'Etat», a-t-il expliqué. «L'agence de voyages censée accompagner les hadjis ne peut appliquer des tarifs libres car le client n'accepterait jamais de payer la différence sachant que les prix sont subventionnés» a-t-il dit. «S'il est question d'appliquer une politique de liberté des prix, à ce moment-là laissons la libre initiative aux agences de voyages de choisir la durée des séjours, la catégorie des lieux d'hébergement et la procédure d'octroi de visa.» En contrepartie de la liberté des prix, l'Office de hadj et de omra a demandé aux agences de voyages d'assurer l'hébergement et de verser la commission de 5000 DA à chaque hadji. «Habituellement, c'est l'Onho qui verse cette somme aux agences qui participent à cette opération. Cela représente 50% de la commission versée par le hadji, destinée aux prestations offertes par les agences. «Mission impossible» Mais il se trouve que cette année, l'Onho veut devenir un opérateur purement commercial et cela est contraire à l'article 16 des cahiers des charges qui régissent cette opération depuis plusieurs années, affirment les agences de voyages, avant d'ajouter qu'aucune explication ne leur a été fournie sur les motivations de ces changements qui ne correspondent à aucune logique. «Lors d'une réunion tenue récemment par les agences sélectionnées pour assurer cette mission, ces mesures ont été annoncées à titre informatif aux agences, qui sont tenues d'appliquer sans le moindre débat ou implication», diront-ils. Cette année, l'Office du hadj et de la omra a sélectionné douze nouvelles agences pour assurer cette mission dont trois d'entre elles prendront en charge 500 hadjis chacune. «La mission sera impossible à réaliser pour toutes les agences et elle sera doublement difficile pour les nouvelles agences qui n'ont aucune expérience en la matière», déclarent les opérateurs. Ils se disent profondément «déçus» de la tournure qu'a pris l'organisation de la mission de hadj après tant de sacrifices consentis par des opérateurs qui se sont sérieusement investis dans ce domaine. Au total, ce sont 47 agences en plus du Touring Club et de l'Onat qui sont appelées à prendre part à cette mission d'encadrement de 36 000 hadjis.