Dans moins de trois semaines, le 13 novembre précisément, le premier groupe de hadji quittera Alger pour les Lieux saints. Une opération qui se poursuivra jusqu'au 2 décembre prochain et qui verra 36 000 Algériens accomplir, pour la saison 2008, le rite du hadj, soit un millier de plus par rapport à la saison dernière. Parmi ces 36 000 hadji, 4 000 accompliront le rite avec des passeports ordinaires et le reste avec des passeports Spécial hadj. L'Office national du hadj et de la omra (ONHO), qui est opérationnel depuis septembre 2008, a à sa charge 22 000 hadji. La prise en charge de 2 000 hadji est confiée à l'Office national algérien du tourisme (ONAT), 4 000 au Touring Club Algérie (TCA), et 4 000 autres à seize agences de voyages, à raison de 250 hadji par agence. Se rendant aux Lieux saints de l'islam avec des passeports ordinaires, les 4 000 hadji restants seront pris en charge par huit agences de voyages, à raison de 500 hadji par agence. Tous les préparatifs ont été parachevés pour garantir l'accomplissement des rites du hadj dans les meilleures conditions, à en croire le premier responsable de l'ONHO et le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs qui a, pour sa part, affirmé que «les conditions d'accomplissement des rites du hadj s'améliorent d'année en année». A première vue, il s'agit là d'une bonne nouvelle pour les hadji de cette saison. Cependant, elle reste hypothétique jusqu'au 1er janvier 2009, date de retour du dernier groupe de hadji, arbitres de cette opération. Les certitudes dans la préparation de la prochaine saison du hadj sont la mise en place des mesures relatives à la prise en charge sanitaire, l'orientation et autres publications à distribuer aux hadji. Quant à l'hébergement aux Lieux saints, il est déjà assuré pour les 22 000 hadji pris en charge par l'ONHO où 36 immeubles ont été loués. Le Touring Club Algérie (TCA), un organisme qui prend en charge les hadji pour la 28ème année consécutive, a déjà annoncé une amélioration des conditions d'hébergement et de restauration. Le problème va se poser pour les agences de voyages privées. Ces dernières n'ayant été sélectionnées que le 12 juillet dernier, à quatre mois donc de l'ouverture de la saison, il est très probable qu'elles ont rencontré des difficultés pour la réservation des lieux d'hébergement surtout si on rappelle que des travaux d'extension dans les Lieux saints sont en cours et que des dizaines d'hôtels ont été démolis. La raison est, bien sûr, évidente : les agences de voyages, sélectionnées à la dernière minute pour cette opération, n'ont pas eu le temps de négocier les prix des prestations (hébergement, transport, pension complète…) avec leurs partenaires saoudiens. Les prix des prestations seront donc plus élevés. Ainsi, un futur hadji, qui a payé au prix fort son séjour aux Lieux saints, peut se retrouver facilement dans un hôtel deux étoiles à cinq kilomètres du Haram. «Les meilleurs hôtels de la Mecque et de Médine ont tous été réservés plusieurs mois à l'avance par les autres délégations islamiques, notamment celles des pays asiatiques qui sont mieux organisées et disposent de contacts privilégiés avec les opérateurs saoudiens», a affirmé un propriétaire d'une agence de voyages. Dans cette même optique, la Fédération nationale des associations de tourisme et de voyage (FNAT) avait averti, il y a quelques mois, par la voix d'un de ses responsables, des risques de défaillance dans l'organisation de la prochaine saison, particulièrement en matière de conditions d'hébergement et de prise en charge des futurs hadji dans les Lieux saints de l'islam. «Il va y avoir des dérapages et des bavures dans la prochaine saison du hadj au détriment, bien sûr, des futurs hadji. En tant que représentants des agences de voyages, nous tenons à dégager notre responsabilité quant à ces carences dans les préparatifs», avait déclaré ce responsable à un confrère. De leur côté, les représentants de l'Association algérienne de tourisme et de voyage de l'Ouest ont également contesté la décision du conseil interministériel du 9 mars dernier relative au choix de 8 agences de voyages pour effectuer la campagne Hadj 2008. «Sur quelle base ces agences ont-elles été sélectionnées et quels sont les critères qui ont été retenus pour désigner uniquement 8 agences sur un total de 800 agences ?» se sont interrogés les membres de cette corporation réunis à Oran. Cette décision n'arrange guère les opérateurs vu qu'un quota de 4 000 pèlerins a été confié à ces 8 agences, soit 500 par agence. Les représentants de cette association avaient alors tiré la sonnette d'alarme sur les conséquences pouvant résulter d'un tel choix. «Pourquoi ne pas procéder à une répartition équitable de chaque quota de 500 pèlerins entre quatre agences qui peuvent ainsi se constituer en groupement ?» Pour l'association, «8 agences ne représentent que 1% des 800 agences réparties à travers le territoire national». Ses représentants avaient rappelé à ce titre que les détails techniques liés au déroulement du hadj doivent être pris en considération. A titre d'exemple, le cas de la mobilisation d'agents pour piloter et assurer le suivi de l'opération aux Lieux saints. «Il faut au moins une vingtaine d'agents expérimentés qui doivent être mis à la disposition des pèlerins.» Cette situation est due tout simplement à l'absence de prévision des parties chargées des préparatifs qui devaient réserver des hôtels ou des immeubles pour tous les futurs hadji, ou au moins ceux ayant le passeport spécial, afin de bénéficier de prix avantageux. Cette différence de prix dans les prestations ouvre la porte à toutes les dérives. Si le hadji pris en charge par une agence étatique devra s'acquitter de la somme de 283 500 DA, un montant qui comprend les frais du billet d'avion (93 500 DA), de l'hébergement et du transport aux Lieux saints (190 000 DA), les autres devront s'acquitter de beaucoup plus et là le prix n'est pas plafonné. Dans le cahier des charges remis aux agences de voyages choisies pour encadrer cette opération, un document annexé exige du propriétaire de l'agence de s'engager à respecter son prix fixé pour la prise en charge d'un hadji sans aucune limitation. Raison pour laquelle certaines agences ont même appliqué des prix atteignant les 450 000 DA ! A en croire ces encadreurs, la différence du prix couvre les prestations «VIP» qu'ils offrent à leurs hadji. Selon le responsable de l'ONHO, le montant effectif de prise en charge d'un hadji est de 340 000 DA, l'Etat ayant pris en charge la différence à la faveur des mesures de soutien en direction des hadji. Avec une différence dépassant les 100 000 DA par hadji, il faut dire que le propriétaire de l'agence privée couvre largement la différence des prix des prestations. Quant au bénéfice qu'il tire de cette prestation, il reste variable. Et comme il n'y a aucune législation réprimant les prix prohibitifs, libre à chaque agence de pratiquer le prix qu'elle veut. Les agences qui ont été choisies pour encadrer l'opération du hadj 2008 ont donc cette chance de faire des gains. Un choix qui a été décrié par beaucoup d'autres agences ayant postulé pour cette opération. Certains propriétaires d'agences affirment ignorer les critères sur la base desquels ont été choisies les 24 agences de voyages pour l'encadrement du hadj. «Dans le cahier des charges remis à chaque agence postulante, les conditions imposées dans les 25 articles ne sont pas à même de me recaler, j'ignore encore les critères qui ont amené la commission à classer les agences de voyages», a affirmé un postulant. D'autres griefs ont été soulevés par notre source dont l'impossibilité, à titre d'exemple, pour une agence d'assurer l'encadrement nécessaire pour 500 hadji. «Il y aura des problèmes de logistique en matière d'hébergement et de transport des futurs pèlerins.» Notre interlocuteur se demande encore si le critère du prix a été pris en considération. «Nous ignorons si les agences choisies sont celles qui ont proposé les prix les plus bas sur les documents remis à la commission de l'ONHO mais, à voir les prix proposés aux hadji, cela est peu probable. Dans l'article 21 du cahier des charges, il est fait état du droit de l'ONHO de publier les tarifs de hadj que les agences choisies se sont engagées à respecter». Cette grande différence de prix du hadj pour la saison 2008 pose un problème d'un autre ordre pour les agences sélectionnées dans le cadre du passeport spécial, celui de dénicher les 250 futurs hadji. Ce propriétaire d'agence qui a été écarté de l'organisation du hadj ainsi que d'autres annoncent une saison entachée de lacunes comme les précédentes. Il est vrai que des sessions précédentes ont été des plus catastrophiques et ont démontré l'incapacité du ministère à gérer à lui seul cette opération. Des hadji ont été livrés à leur sort : manque de transport, mauvaise restauration, mauvaises organisation et prise en charge des pèlerins. D'ailleurs, cette session a fait l'objet de critiques et d'enquêtes réalisées par l'IGF pour assainir toute la situation avant la création de l'office. Ce dernier est actuellement investi de la mission d'«assurer des prestations de qualité, par les agences de voyages et de tourisme et les différents opérateurs». A ce titre, l'office est chargé de «choisir des opérateurs prestataires de services relatifs à la omra et d'assurer un bon séjour aux candidats à la omra en protégeant leurs droits en coopération avec les parties concernées, à l'intérieur et sur les Lieux saints». Il est prématuré de se prononcer sur les chances de réussite de cet office du moment qu'il s'agit là de sa première opération mais il est à espérer que le changement apporté avec la création de l'ONHO visera à provoquer une rupture avec les anciennes méthodes de gestion et même d'approche du produit hadj-omra. Car, s'il ne s'agit que de transfert de prérogatives d'une institution à une autre, il faut s'attendre à la reconduction des mêmes problèmes. H. Y.
Le directeur de l'ONHO non disponible Contacté, il y a une dizaine de jours, pour avoir des explications et plus de précisions sur certaines questions et lever toute ambigüité, le directeur de l'ONHO a déclaré, par la voix d'un de ses employés, être occupé jusqu'à la fin de cette semaine. H.Y.
L'opération d'étude et d'évaluation des dossiers des agences de tourisme et de voyages ayant émis le vœu de participer à l'organisation de la saison du hadj 2008 a donné lieu à la désignation de 16 agences dans le cadre du passeport spécial à raison de 250 hadji par agence ainsi que 8 autres agences pour le passeport international à raison de 500 hadji par agence.
Agences concernées par l'organisation de la saison 2008 du hadj avec passeport spécial : - Agence Errahma Tourisme-wilaya de Biskra - Agence Visa Tourisme-wilaya de Ouargla - Agence Lotfi Tourisme-wilaya de Béchar - Agence Madna Tourisme et Voyages-wilaya de Ghardaïa - Agence Maghreb Tourisme-wilaya d'Oran - Agence Takdamt Tourisme-wilaya de Tiaret, - Agences Zenata Vogages et Nedroma Voyages-wilaya de Tlemcen - Agence Djamila Voyages-wilaya de Sétif - Agences Chelia Voyages et Timgad Voyages-wilaya de Batna - Agence Safariyat Tel-wilaya de Bordj Bou Arréridj - Agence Moultaka El Alem Essiyahi et Atlas Voyages-wilaya d'Alger - Agence El Kessira Voyages- wilaya de Chlef - Agence Dounia Voyages-wilaya de Blida.
Agences retenues pour l'organisation de la saison 2008 du hadj avec un passeport international : - Agence Tropic Tour-wilaya de Sétif - Agence Nadjeh Travel-wilaya de Bouira - Agence Numidia Travel-wilaya de Constantine - Agence Azur voyages-wilaya d'Oran - Agence Belle Travel-wilaya d'Alger - Agence Hazil Tourisme et Voyages-wilaya de Djelfa - Agence Chenna Tourisme et Voyages-wilaya d'El Oued - Agence Keffaf-wilaya de Tlemcen.