Le rôle de l'Algérie dans la sécurisation de la région du Sahel contre les menaces terroristes et de contrebande qui guettent ces pays et leurs populations depuis plusieurs années a été mis en exergue par le général David Rodriguez, pressenti pour être le futur chef du Commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom). Lors de son audition jeudi devant les membres du congrès, ce responsable militaire a déclaré que «l'Algérie est le leader régional qui dispose des capacités permettant de coordonner les efforts des pays du Sahel face aux menaces contre la sécurité transnationale». Le général Rodriguez répondait aux questions des membres de la commission des Forces armées du Sénat, dans le cadre de l'audition préalable à la confirmation de sa nomination proposée par le président Barack Obama pour remplacer le général Carter Ham. Interrogé sur le rôle de l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme et sur sa perception de la coopération algéro-américaine face à la situation au Mali, M. Rodriguez a répondu que «l'Armée algérienne est la plus capable de tous les pays d'Afrique du Nord». «La connaissance dont dispose l'Algérie quant à la situation au nord du Mali est inestimable pour les Etats-Unis», a-t-il soutenu. «Pour s'assurer de la poursuite de la coopération de l'Algérie sur la crise du nord du Mali, toute solution militaire doit être autorisée par l'ONU, bénéficier d'un soutien international et utiliser des forces africaines». M. Rodriguez a avancé que s'il venait à être confirmé à la tête d'Africom, il continuerait «à favoriser le leadership régional de l'Algérie à travers notamment la tenue de dialogues bilatéraux de haut niveau et les exercices militaires régionaux». Sur sa propre évaluation de la menace d'Aqmi, le général a estimé que si cette organisation avait, certes, déclaré sa volonté d'attaquer les intérêts des Etats-Unis et de l'Occident en général, sa capacité à mener des attaques terroristes à grande échelle est «limitée». «Ceci s'explique par la rareté des cibles américaines et occidentales en Afrique du Nord et par le succès des efforts de lutte contre le terrorisme menés par les services de sécurité algériens», a-t-il affirmé. Pour lui, la plus grande menace d'Aqmi contre les intérêts des Etats-Unis «serait probablement le rôle de ce groupe comme catalyseur de l'instabilité en Afrique du Nord grâce à la facilitation des armes et la formation des djihadistes dans le nord du Mali». M. Rodriguez a cité l'attaque terroriste commise contre le site pétrolier de Tiguentourine en janvier dernier comme exemple d'actes perpétrés contre des cibles occidentales en Algérie et déjoués par l'Armée algérienne. A ce propos, il a reconnu le succès de la riposte algérienne en soutenant en termes clairs que «les forces de sécurité algériennes ont réussi à vaincre les terroristes qui détenaient des otages dans l'installation gazière d'In Amenas». Le général a conclu qu'«Aqmi ne devrait pas constituer à court terme une menace pour les intérêts américains et occidentaux en dehors de sa zone d'opération immédiate en Algérie et au nord du Mali, mais il pourrait le devenir dans le futur». Selon lui, ce groupe terroriste «maintient ses intentions et ses aspirations et continuera à travailler pour renforcer ses capacités et aider les autres branches affiliées d'Al-Qaïda et que les prises d'otages demeurent la plus grande menace pour les Occidentaux en Afrique du Nord». Donnant son avis sur l'intervention militaire conduite par la France au Mali, le général estime que «si cette opération a eu un impact pour réfréner la capacité d'Aqmi à agir sans entrave dans le nord malien, ce groupe est cependant en mesure de coordonner la formation, de répartir les ressources et de procéder à une planification d'attaques avec ses propres rangs ainsi qu'avec d'autres organisations terroristes étrangères». Selon lui, «avec ses capacités, Aqmi pourrait tout au moins poursuivre agressivement l'expansion de son influence dans les pays voisins et commencera peut-être à planifier des attaques même contre l'Europe, conformément à la doctrine d'Al Qaïda. Pour M. Rodriguez, «l'intervention militaire dirigée par la France au Mali a perturbé et ralenti l'action d'Aqmi, mais il reste encore beaucoup de travail à faire»